Plus qu’une quinzaine de jours nous séparent de l’Aïd El-Adha. Comme le veut la tradition, à l’approche de cette fête religieuse, les citoyens se ruent vers les points de vente des moutons. Seulement, cette année tout ne se passe pas comme prévu.
Cette fois-ci, ce n’est pas dû la crise sanitaire, mais plutôt aux prix. En effet, ces derniers ne cessent d’augmenter, ils sont jugés très élevés et ont même battu tous les records. Une telle situation a bien évidemment déçu les clients. D’ailleurs, nombre d’entre eux que nous avons rencontrés nous ont confié que si le coût de ces bêtes n’est pas revu à la baisse lors des deux prochaines semaines, ils sont prêts, même à contrecœur, à ne pas faire leur achat.
L’agneau le moins cher coûte 52.000 DA
Pour connaitre les prix et les raisons qui ont fait qu’ils augmentent sensiblement cette année, nous avons pris la direction de Bordj El Kiffan. Plus précisément du Lido. Plusieurs éleveurs et revendeurs proposent des moutons à des pris divers.
C’est vers 11h que nous sommes arrivé sur place. Accueillis par les gérants de ces espaces, ils nous ont fait à chaque fois une visite tout comme les clients mais à chaque fois, au moment d’évoquer les prix, un coup de froid est jeté à cause des exigences financières.
En effet, pour un agneau qui coûtait lors des précédentes années 35.000 DA, on réclame désormais 52.000 DA. Pour les moutons ayant plus d’un an et trois mois et moins d’un an et dix mois, leur prix a été fixé à 67.000 dinars, une somme jugé exagéré par de nombreux clients potentiels que nous avons accostés.
Ceux qui sont âgés entre un an et dix mois et deux ans et quatre mois sont vendus à 85.000 DA. Tous les présents, surpris et extrêmement déçus en découvrant par les prix fixés pour cette année, sont repartis sans faire leur achat. Durant tout le temps que nous avons passé dans ce coin réservé à la vente du bétail, aucun mouton n’a été vendu et si ce fut le cas, c’est tout simplement car leur coût a été jugé excessif. Il est nécessaire à préciser des moutons dont le prix dépasse les 100.000 dinars étaient également disponibles.
La raison de la hausse des prix ne convainc personne
Afin d’avoir une idée bien précise de la raison qui a fait que les prix grimpent subitement mais aussi et surtout rapidement, nous avons posé la question à l’un des éleveurs présent sur place au Lido. Sa réponse a été la suivante : «Il n’y a pas mille raisons. Si les prix ont augmenté, c’est parce que ceux des aliments que consomment les bêtes ont également grimpé.» Cette réplique n’a, évidemment, pas convaincu les présents surtout lorsqu’on sait que le prix de la brebis ne dépasse pas les 40.000 dinars alors qu’elle consomme la même quantité et les mêmes aliments que les moutons.
Il faut souligner que par rapport à l’an passé, les prix n’ont pas augmenté de 5000 DA mais plutôt de 13.000 DA et même plus, ce qui est exagéré. Une autre version circule sur la raison qui a fait que le coût des moutons flambe.
«C’est les revendeurs et les intermédiaires qui imposent les prix et leur loi, il n’y a pas une autre explication», nous a ainsi assuré un homme quadragénaire qui a été obligé d’aller jusqu’à Médéa pour trouver son bonheur. «J’ai payé mon mouton 40.000 DA et il est meilleur que ceux qui sont proposés à 52.000 dinars. J’étais de passage, je me suis arrêté par curiosité en voyant ce point de vente et je peux vous assurer que je suis content du choix que j’ai fait.» Pour conclure, il a dit : «Si j’ai un conseil à donner aux clients, c’est qu’ils aillent hors Alger, ils pourront trouver de bonnes affaires et ce sera à eux de savoir les saisir.»
«Pour l’instant, les clients ne viennent que pour se renseigner»
Durant notre virée dans ce marché de bétail qui se situe à Bordj El Kiffan, tous les marchands que nous avons croisés nous ont assuré que pour l’instant, la demande est très faible. «Certains disent que les prix des moutons ont augmenté car il y a une forte demande et pas assez de produit, moi je dirai que c’est faux», nous a ainsi déclaré El Hachemi, avant de poursuivre : «Certes, les bêtes ne sont pas disponibles comme c’était le cas lors des dernières années car les grands éleveurs ne résident pas à Alger, ils vivent dans les villes de l’intérieur et n’ont peut-être pas encore eu les autorisations ou ne disposent pas des moyens qu’il faut notamment financiers pour effectuer ce déplacement afin de proposer leurs bêtes aux clients mais ces derniers ne viennent qu’afin de se renseigner pour l’instant.
En toute franche, on ne sait plus comment cette situation va se terminer. D’un côté, les moutons nous coûtent cher à cause de leur aliment et les autres frais. D’un autre côté, nous ne vendons pas assez car les gens jugent les prix exorbitants. Sincèrement, je ne sais pas quoi faire. Je ne peux pas casser les prix car je serai le plus grand perdant. En même temps, je ne peux être récompensé pour les efforts fournis, ce qui ne se fera qu’en vendant les bêtes que j’élève depuis de nombreuses années.» Alors que l’Aïd El-Adha est prévu pour la seconde semaine du mois de juillet, personne ne sait ce que les prochains jours nous réservent. Plusieurs pères de familles attendent le dernier moment avant de prendre une décision finale.
Dans le cas où les prix chutent, de nombreux clients peuvent revenir sur leur décision et faire leur achat mais si la situation ne change pas, c’est sûr que plusieurs Algériens passeront l’Aïd sans le mouton.
F. C. by Fodil C / lalgerieaujourdhui