
L’entretien téléphonique qui s’est déroulé hier samedi entre Abdelmadjid Tebboune et Emmanuel Macron est le premier contact officiel entre les deux chefs d’Etat depuis la grosse crise entre les deux pays.
Le retour à la normale semble amorcé. Le Président algérien et son homologue français se sont entretenus hier au téléphone, annonçait un communiqué de la présidence de la République durant cette même journée. Emmanuel Macron a «renouvelé» son invitation à Abdelmadjid Tebboune pour prendre part au prochain sommet Europe-Afrique fixé aux 17 et 18 février prochain à Bruxelles. Le terme «renouvelé» indique qu’une invitation précédente a déjà été adressée au chef d’Etat algérien mais on n’en sait pas plus sur la question pour le moment. En novembre dernier, un conseiller de Macron avait cependant annoncé à la presse parisienne que des invitations officielles et «courriers» avaient été adressés à Abdelmadjid Tebboune pour le convier, entre autres, à une rencontre sur la Libye en France (déclinée par l’Algérie). L’échéance revêt un caractère très important pour Paris qui assure depuis le 1er janvier dernier la présidence du Conseil de l’Union européenne.
Le communiqué de la présidence algérienne a, d’autre part, fait savoir que les discussions entre les deux chefs d’Etat ont également porté sur les relations bilatérales et les perspectives de la tenue du haut comité sectoriel intergouvernemental. La dernière réunion du CIHN remonte à 2017 et toute tentative d’organiser une nouvelle rencontre est restée vouée à l’échec en raison de divergences profondes entre les deux pays. En 2021, l’Algérie avait offert à Paris une nouvelle chance de pouvoir réunir la CIHN (présidée par les Premiers ministres des deux pays), mais les dirigeants algériens se sont ensuite ravisés en raison du bas niveau de représentativité de la délégation française.
Depuis, les relations entre les deux pays n’ont fait que se détériorer pour atteindre un point culminant en octobre dernier après les propos graves prononcés par Emmanuel Macron. Ses attaques contre le régime algérien mais aussi, et surtout, le fait d’avoir remis en cause l’existence de la Nation algérienne avant le colonialisme ont induit un gel quasi-total des relations bilatérales. Entre octobre et décembre 2021, l’Elysée a présenté à deux reprises des excuses suivies par des propos apaisants du ministre français des Affaires étrangères.
Peu de temps avant la fin de l’année, Jean-Yves Le Drian avait effectué une visite surprise à Alger où il avait évoqué une «possible reprise du dialogue politique» en 2022. En janvier, ce dernier avait exprimé sa grande satisfaction après le retour de l’ambassadeur d’Algérie en France, rappelé durant trois mois au pays en signe de protestation contre les propos de Macron. Mohamed Antar Daoud a été reçu à l’Elysée quelques jours après son retour à son poste. Tous ces faits ont été naturellement perçus comme entrant dans le processus de retour à la normale entre les deux pays. L’entretien téléphonique qui s’est déroulé hier entre les deux chefs d’Etat confirme cet état de fait.
Il y a deux mois, Abdelmadjid Tebboune révélait (dans un entretien à Der Spiegel) avoir refusé de répondre aux appels téléphoniques de son homologue français. Mais il en est autre à présent et la question qui se pose aujourd’hui est de savoir si le chef de l’Etat algérien prendra part au sommet UE-UA de Bruxelles.
Abla Chérif / lesoirdalgerie