Le sujet du Roi Mohamed VI, Ahmed Raissouni, président depuis 2017 d’une organisation dite de l’Union mondiale des ulémas musulmans, en remplacement du célèbre prédicateur Al Qaradhawi, vient de tenir des propos provocateurs et extrêmement graves contre l’Algérie et les Algériens. Il appela carrément au « djihad », appelant ses propres fidèles à marcher sur Tindouf, estimant que les marocains sont des millions à se sacrifier pour les desideratas de sa majesté.
Pour certains, c’est une déclaration de guerre, un véritable appel à la fitna et à l’effusion de sang. Un soi-disant érudit dans la jurisprudence islamique, dans le fiqh, un « savant » qui s’est interrogé longtemps sur les rapports entre la politique et la religion, allant jusqu’à gêner les propres certitudes de politiciens sur le califat moderne et le prosélytisme actuel, vient de tomber aussi bas dans ses pérégrinations intellectuelles. En signant un appel à la mort, une fetwa de guerre et de fitna contre des musulmans, ce Raissouni a sans doute appliqué à la lettre les premiers plans d’un agenda sioniste.
Ce sujet du Roi a fermé l’œil sur les statuts des enclaves de Ceuta et Mellila, sur l’occupation des territoires palestiniens, sur les crimes commis contre les civils et le peuple palestinien à Ghaza et ailleurs, sur les agressions contre l’enceinte sacrée de la Mosquée al Aqsa, sur la normalisation aplat-ventriste de ses maitres du Makhzen.
Ce n’est pas nouveau de la part de ce Raissouni, fervent défenseur depuis de longues années de l’occupation du Sahara Occidental, et qui a toujours méprisé les accords et les tracés des frontières avec les voisins de son maitre, déniant même aux Mauritaniens leur indépendance et leur souveraineté. Pour certains observateurs, cette sortie d’un ancien intégriste dénote déjà du climat politique actuel qui règne dans les rouages du Makhzen, malmené par les tensions sociales et les crises, et subissant à répétition des échecs avérés dans sa fuite en avant sur la question du Sahara occidental.
On sait que ce Raissouni promu djihadiste de la dernière heure, un radical de la « fin de l’histoire », et qui s’est cru plus imam que tous les prédicateurs, se prend pour un « supracheikh » à la rescousse de son calife. Auréolé de ses titres de savant des rois et des émirs ( il fut le chantre du wahabisme avant de tourner casaque lors de la crise avec Qatar), octroyé comme on le sait grâce aux pétrodollars, l’intégriste marocain s’est permis une fetwa de la fitna originale, antialgérienne et totalement inacceptable par les vrais fidèles et croyants musulmans.
Un soi disant savant musulman qui appelle à la fitna et à l’effusion de sang des Algériens ne peut être qu’un ennemi notoire de la République algérienne, de son peuple et de son histoire révolutionnaire et de ses millions de chouhadas.
En Algérie, les réactions n’ont pas tardé. Le FLN, tout comme le MSP et l’Association des Ulémas algériens, ont dénoncé hier cette sortie belliqueuse du marocain, en attendant des réactions fermes de la part des autorités et de la société civile.
Pour rappel, le nom de Raïssouni est surtout associé au Maroc à celui du Mouvement unicité et réforme (MUR) – matrice idéologique du Parti de la justice et du développement (PJD), qu’il a co-fondé et dirigé de 1996 à 2003. Il a été le mentor des anciens chefs du gouvernement Saadeddine El Othmani et Abdelilah Benkirane. Au Maroc, il incarne le conservatisme primaire et un pur défenseur de l’orthodoxie.
Il a été également élu premier président de la Ligue des Savants Sunnites, et ultérieurement vice-président de l’UISM, le 7 décembre 2013 avant de prendre la tête de l’Union mondiale des Ulémas après le retrait de Youcef Qaradhawi.
Par Mohamed Kouini / jeune-independant