Par De Tunis, Akram Kharief / jeune-independant
La Tunisie serait menacée depuis plusieurs jours par le risque de coupure du gaz en provenance de l’Algérie en raison d’un impayé faramineux de la Société Tunisienne d’électricité et de gaz (STEG) auprès de Sonatrach, dont le montant avoisinerait les 10 milliards de dinars tunisiens, rapportent plusieurs médias locaux.
S’exprimant sur les ondes de radio Shems FM, mercredi, le Directeur général de l’électricité et de la transition énergétique au Ministère de l’Industrie tunisien, Belhassen Chiboub a apporté d’abord une mise au point. ” Il ne s’agirait pas de 10 milliards mais de 3 milliards de dinars tunisiens,” l’équivalent d’un milliard d’euro de dettes, dues à l’Algérie” a-t-il précisé, oprécisant qu’il n’existe aucune tension ou crise entre Tunis et son voisin algérien.
En outre il a souligné que l’Etat tunisien était lié par un contrat avec la Sonatrach, pour l’approvisionnement en gaz, soulignant que le groupe pétrolier algérien assure entre 45 et 50% des besoins de la Tunisie en gaz, indiquant, au demeurant, que la facture prévisionnelle au titre de l’année 2022, s’élèverait également à 3 milliards de dinars tunisiens.
Autre son de cloche du côté d’Abdelkader Jelassi, le secrétaire général de la Fédération de l’électricité et du gaz à l’UGTT, qui avait alerté sur une possible coupure du gaz algérien affectant la production de gaz à partir de juillet prochain.
Jelassi donne d’autres chiffres sur la dépendance de la Tunisie envers le gaz algérien. Pour le SG des gaziers de l’UGTT la production d’électricité en Tunisie provient à 99% de centrales thermiques alimentés par gaz et que 62% des besoins en gaz sont importés d’Algérie.
Il a en outre confirmé que la Sonatrach, avait adressé une correspondance à la STEG pour lui signifier qu’elle n’était plus en mesure de fournir la quantité additionnelle de gaz durant les mois de juillet et août.
Selon plusieurs experts relayés par la presse locale, les raisons de cette situation inédite serait liée au contexte international et aux positions prises par la Tunis qui n’auraient pas plu à Alger.
Le vote par le représentant de la Tunisie à l’ONU, alors que son pays était membre du Conseil de sécurité des Nations unies, d’une résolution condamnant le remplissage du Barrage de la Renaissance (GERD) par l’Ethiopie, avait été accueilli avec satisfaction par l’Egypte. Une décision que le ministre éthiopien des Affaires étrangères Demeke Mekonnen avait qualifié « d’erreur qui entachera le mandat de la Tunisie en tant que membre non permanent du Conseil de sécurité ».
Autre grief retenu contre la Tunisie par l’Algérie une position totalement alignée avec celle de l’Occident sur la question de la crise en Ukraine. La Tunisie est le seul pays d’Afrique du Nord à avoir par deux fois voté des sanctions de l’ONU à l’encontre de la Fédération de Russie. La participation du ministre de la Défense tunisien à la rencontre de Rammstein, a été considéré par Moscou comme une implication militaire de l’armée tunisienne dans le conflit.
La rupture des approvisionnements en gaz de l’Algérie à la Tunisie pourrait faire passer un été difficile au gouvernement de Najla Bouden qui fait face à de nombreux challenges économiques dont la crise des matières premières et des produits de première nécessité sur le marché mondial.
L’Algérie et la Tunisie ont conclu un accord sur l’approvisionnement en gaz jusqu’en 2030. Le 2 février, suite à la rencontre entre le président algérien Abdelmajdid Tebboune et le chef de l’Etat tunisien Kais Saied, Alger a annoncé une injection de 150 millions de dollars dans la Banque centrale tunisienne (BCT). Entre autres objectifs, le prêt sera utilisé pour maintenir les facilités de paiement pour les fournitures de gaz et d’hydrocarbures.
Par De Tunis, Akram Kharief / jeune-independant