Alors que près d’un million de touristes algériens comptent se rendre en Tunisie après l’annonce de la reprise de la circulation routière entre les deux pays, la concurrence tunisienne ayant très vite réagi en faisant valoir des offres multiples, le tourisme interne n’arrive pas à décoller et présenter des offres à la hauteur des aspirations des vacanciers.
La cherté des tarifs pratiqués dans les hôtels est la première raison citée par les citoyens, et même ceux qui peuvent y mettre le prix n’arrivent pas à en «avoir pour leur argent», disent-ils, pointant la qualité des prestations fournies. A cela viennent se greffer d’autres aléas comme le dictat des plagistes improvisés qui s’érigent en maître des lieux, obligeant les vacanciers à payer l’accès à la plage et faisant preuve de comportements indignes dépassant parfois le stade verbal.
Mais nul doute que ce sont les tarifs hôteliers qui sont les premiers à décourager le tourisme interne. Mohamed Amine Berredjem, président de l’Association nationale des agences de voyage, le confirme. «Il est vrai que les prix sont chers dans les hôtels algériens», a-t-il affirmé dans une déclaration à «Reporters», avant d’en expliquer les raisons. «Le parc hôtelier en Algérie dispose de moins de 50.000 lits dans les zones balnéaires et nous avons un population de plus de 40 millions de personnes. Si 10% seulement de la population veulent trouver une place dans les hôtels, il est clair qu’ils n’en trouveront pas. Cela traduit que nous avons donc un grand déficit dans notre parc hôtelier», a-t-il dit. Ainsi, «la cherté des hôtels est liée à la loi de l’offre et de la demande, et chez nous, la demande est bien plus élevée que l’offre. C’est ce qui explique que beaucoup d’Algériens choisissent la destination Tunisie car en Algérie le parc hôtelier est insuffisant, entre autres».
Si le tourisme interne doit être encouragé, il faudra alors agir, en premier lieu, sur la tarification hôtelière.
Mais à défaut de résoudre cet épineux problème qui dure depuis plusieurs années, une autre solution est proposée aux citoyens désirant passer leurs vacances en bord de mer. «Pour cette année, le ministère du Tourisme en collaboration avec celui de l’Intérieur ont mis en place une nouvelle formule pour l’hébergement des vacanciers qui est une alternative à l’hébergement hôtelier. Il y a des gens qui louent leur habitation pour les familles ou les groupes de personnes qui pourront y résider pendant une période donnée durant les vacances», a indiqué M. Berredjem.
Il estime, à ce propos, que «c’est une bonne solution à court terme sachant que les Algériens se déplacent généralement en famille ou en groupes d’amis», et ce, a-t-il ajouté, en attendant qu’il y ait la construction de nouveaux hôtels, complexes ou stations balnéaires qui seront pas prêts dans l’immédiat. Notre interlocuteur a tenu à noter que les hôtels balnéaires ne travaillent généralement que pendant la haute saison et qu’ils devraient trouver des formules pour attirer la clientèle également durant la saison basse.
En attendant de nouvelles infrastructures, la formule de «l’hébergement alternatif», selon lui, permettra de mettre sur le marché «des capacités d’accueil supplémentaires» pour les vacanciers et, ainsi, diminuer «la pression» sur les hôtels. «C’est ainsi qu’on pourrait faire baisser les prix chers dans les hôtels», a-t-il estimé, enchaînant que «le consommateur algérien a le choix entre l’Algérie ou la concurrence tunisienne».
Le président de l’Association des agences de tourisme a relevé, par ailleurs, qu’outre la baisse des prix, il y a également les prestations qui doivent être de qualité dans les hôtels pour pouvoir concurrencer ce qui est offert dans les hôtels et complexes tunisiens. «La fourniture de prestations de qualité est une recommandation que nous faisons toujours aux hôteliers algériens», a-t-il fait savoir. «C’est un challenge qu’ils doivent relever s’ils veulent être concurrentiels, car les citoyens algériens aiment bien faire le tourisme également dans leur pays, mais ils cherchent le bon prix et la qualité de service, comme ce qui se fait en Tunisie, en Turquie, etc.», a souligné M. Berredjem.
«C’est pour toutes les raisons que je viens de citer que les Algériens préfèrent passer leur vacances ailleurs, plus particulièrement en Tunisie vu la proximité et la possibilité d’y aller via les frontières terrestres, en bus ou dans leurs propres véhicules», a affirmé le premier responsable des agences de voyage, avouant qu’avant la crise sanitaire du Covid-19, «les Algériens cherchaient toujours une destination autre que leur pays pour passer leur vacances» et que «c’est pendant la période Covid qu’ils s’étaient tournés vers le tourisme interne». Après l’annonce de l’ouverture des frontières terrestres avec la Tunisie, «nous constatons que la demande des touristes algériens pour y aller passer des vacances est forte et nous estimons qu’ils seront au moins un million», a-t-il soutenu.
Toujours dans le chapitre prix hôteliers, il y a lieu de noter cette visite surprise effectuée avant-hier soir par le ministre du Tourisme et de l’Artisanat, Yassin Hammadi, à trois infrastructures, où il a saisi l’occasion pour «ordonner de baisser les prix des hôtels publics». Il s’était rendu dans trois établissements publics de la côte algéroise, à savoir l’hôtel El-Riyad, la Résidence Marina et l’hôtel El Marsa, afin de s’enquérir des prestations proposées à l’occasion de la saison estivale.
Au cours de cette visite inopinée, et tout en incitant responsables des différentes structures à être à la hauteur des attentes des vacanciers, le ministre les a exhortés à «présenter des prestations de qualité» et à «bien se préparer à la forte concurrence entre les opérateurs touristiques au niveau national et régional». C’est ainsi que le plus grand nombre possible des touristes et des vacanciers pourra être attiré, a-t-il dit, mettant l’accent sur la fourniture de tous les moyens de confort et de loisirs, car «le pari est de gagner la confiance du touriste algérien et de le convaincre de la nécessité de choisir la destination Algérie». Dans cet ordre d’idées, il a également insisté sur «la réduction des prix et la proposition d’offres touristiques adaptées à toutes les couches de la société», et d’en faire la promotion au niveau des plateformes électroniques et des réseaux sociaux, notamment pour la communauté algérienne à l’étranger.
Reporters / Par INES DALI