Arezki SLIMANI / lexpression
Des chaînes pour l’huile, la semoule, le lait, la viande, le pain,… seuls les légumes et les fruits ne sont pas sous pression.
Ce n’est pas nouveau, mais cela reste tout de même étonnant. Si les chaînes qui réapparaissent au mois sacré étaient de mise pour la zlabiya et la Kalb El louz, de nos jours, elles sont partout, même devant les restaurants «Errahma», qui fonctionnent grâce aux aides qui viennent de partout comme si le besoin en soutien n’est nécessaire que durant le mois sacré. Ceci est une autre affaire. La vie s’anime à Béjaïa. Le mois sacré n’est pas une mince affaire. Pour beaucoup, c’est synonyme de longue files d’attente devant les magasins.
Plus que les au-tres années, ces files d’attente sont partout, si bien que pour le moindre besoin, il faut faire la queue. Alors on fait la queue devant le boucher, l’épicier, le boulanger, les camions vendeurs de semoule et d’huile de table, un phénomène nouveau dans la paysage commercial local. Tout le monde se complaît. Certains y trouvent un moyen de passer le temps, alors on fait la queue pour n’importe quoi.
Ami Ahmed est un retraité. Il en est à sa quatrième file d’attente pour acheter son bidon d’huile de table. Il possède cinq bidons de réserve. Il nous l’avoue fièrement sur fond de simple explication. «Comme j’ai le temps, j’en profite afin d’acheter et stoker pour les mauvais jours. On ne sait jamais», répète-t-il. Tous son budget est parti dans cet élan préventif qui ne fait, en fait, que l’affaire des commerçants avec cette répercussion négative sur la production nationale soumise à rude épreuve. C’est le dernier souci de Aami Ahmed. Comme lui, ils sont nombreuses et nombreux à se lever le matin avec pour unique souci devant les points de vente pour acheter et encore acheter. Pratiquement, tous les lieux de vente sont pris d’assaut dès leur ouverture.
Pas un seul point de vente de produits de large consommation n’échappe à ces longues chaînes. Et cela dure depuis des semaines. Sur les marchés, c’est l’accalmie et la flambée qui s’invitent par intermittence. La carotte, la courgette, la pomme de terre poursuivent leur envol à Béjaïa. Le reste des produits n’a connu aucune flambée. Bien au contraire, les prix de certains produits sont même revus à la baisse. «Pour être franc avec vous, la situation s’améliore, pour peu que les ménages se calment un peu», affirme ce père de famille rencontré au marché de la ville de Béjaïa.
Comme il est de coutume, en ce mois dit de piété, les nouveaux réflexes ont refait surface dans les habitudes de consommation. Durant toute la période du mois de Ramadhan, le sevrage qui influe considérablement sur leur système nerveux, donne lieu à des modes de consommation qu’on ne rencontre qu’en pareille période. Un phénomène qui n’échappe pas aux commerçants, qui multiplient les ruses, afin de séduire le consommateur et justifier les augmentations des produits exposés. Société solidaire, fort heureusement, les ménages à bas revenus ne trouvent leur salut que dans la solidarité qui s’organise un peu partout. Au deuxième jour, les salles de spectacles brillent toujours par un vide sidéral qui ne tardera pas à s’estomper, afin de laisser place à l’animation culturelle qui, d’ailleurs, ne prend vraiment son envol qu’au bout de la première semaine. Espérons-le.
Arezki SLIMANI / lexpression