infomigrants / Leslie Carretero
Environ 90 personnes ont perdu la vie la semaine dernière en Méditerranée centrale, a annoncé samedi Médecins sans frontières. Le canot surchargé dans lequel elles se trouvaient avait quitté les côtes libyennes quelques jours plus tôt dans l’espoir de rejoindre l’Europe. Quatre migrants de la même embarcation ont été secourus par un pétrolier et renvoyés en Libye.
Les drames continuent en Méditerranée centrale. Selon Médecins sans frontières (MSF), plus de 90 migrants sont morts noyés « après avoir quitté la Libye sur un bateau surchargé il y a plusieurs jours », a tweeté l’ONG médicale ce week-end.
Quatre rescapés, secourus par un pétrolier au large des côtes libyennes tôt samedi 2 avril, ont déclaré qu’ils étaient en mer depuis au moins quatre jours. Ils avaient pris place sur un canot avec une centaine d’autres personnes, dans l’espoir d’atteindre l’Europe.
Les survivants ont été renvoyés en Libye où « ils risquent d’être détenus, de subir des abus et des mauvais traitements », déplore MSF, qui rappelle que « la Libye n’est pas un lieu sûr » pour les exilés.
Quelques jours plus tôt, environ 145 migrants avaient été récupérés en mer par les garde-côtes libyens et déposés dans un port du pays. L’embarcation avait pris contact avec la plateforme d’aide aux migrants en mer, Alarm Phone, alors qu’elle se trouvait en détresse en Méditerranée. Les naufragés avaient alors affirmé qu’au moins 11 personnes avaient perdu la vie lors de leur tentative de traversée, parmi lesquelles sept femmes et quatre enfants.
Environ 200 personnes dans l’attente d’un port sûr
Depuis le début de l’année, plus de 3 000 migrants ont été interceptés en mer et renvoyés en Libye tandis que 318 ont péri en Méditerranée centrale, d’après les données de l’Organisation internationale des migrations (OIM). Ce chiffre pourrait cependant être plus élevé, les humanitaires craignant que des canots disparaissent sans laisser de traces.
L’an dernier, au moins 1 553 personnes se sont noyées en tentant de rejoindre les côtes européennes, toujours selon l’OIM.
Si certaines traversées connaissent une issue tragique, d’autres ont plus de chances. Plus de 100 personnes ont été secourues mardi 29 mars par le navire humanitaire de MSF, le Geo Barents, près des côtes libyennes. Le bateau naviguait lundi matin au large de Malte, à la recherche d’un port sûr pour débarquer les exilés. Une centaine d’autres se trouvent également à bord du Sea-Eye 4, de l’ONG allemande éponyme. Ce dernier réclame aussi un port de débarquement.
L’Ocean Viking, de SOS Méditerranée, a de son côté pu accoster lundi dernier à Augusta, en Sicile, avec environ 150 personnes secourues en Méditerranée centrale quelques jours plus tôt.
Un seul navire humanitaire sillonne en ce moment la zone de recherche et de sauvetage. Il s’agit du Sea Watch 3, arrivé dans la région samedi 2 avril.
La rédaction tient à rappeler que les navires humanitaires (Ocean Viking, Sea Watch, Mare Jonio…) sillonnent une partie très limitée de la mer Méditerranée. La présence de ces ONG est loin d’être une garantie de secours pour les migrants qui veulent tenter la traversée depuis les côtes africaines. Beaucoup d’embarcations passent inaperçues dans l’immensité de la mer. Beaucoup de canots sombrent aussi sans avoir été repérés. La Méditerranée reste aujourd’hui la route maritime la plus meurtrière au monde.
infomigrants / Leslie Carretero