Sachant que la France préside actuellement le Conseil de l’UE, il ne faut pas aller loin pour comprendre le manège…
La brouille diplomatique entre l’Algérie et l’Espagne, provoquée par le revirement pas du tout innocent du gouvernement espagnol sur la question du Sahara occidental, démontre, si besoin est, que notre pays est prêt à assumer ses responsabilités. Ce qui n’est pas le cas, malheureusement, des pays membres de l’Union européenne, du moins la majorité d’entre eux, qui se sont vite empressés d’apporter un soutien aveugle et une solidarité à toute épreuve à l’Espagne.
Sachant que la France préside actuellement le Conseil de l’UE, il ne faut pas aller loin pour comprendre le manège qui s’est mis en place et la rapidité avec laquelle, les européens se sont rangés du côté ibère, sans avoir eu l’audace de s’interroger sur les véritables raisons de cet incident diplomatiques.
La France est connue pour sa position pro-Maroc dans le dossier sahraoui, ce qui explique logiquement son ralliement avec l’Espagne et surtout l’influence, avec l’aide de la Belgique également, qu’elle a exercé sur d’autres pays membres.
D’ailleurs, le communiqué rendu public par la Commission européenne, au lendemain de la suspension, par Alger, du traité d’amitié et de bon voisinage entre l’Algérie et l’Espagne, va dans ce sens et confirme ces doutes lorsqu’elle a demandé d’abord de reconsidérer leur décision et de privilégier le dialogue et, ensuite, fait part de son inquiétude. En revanche, aucun mot sur l’attitude du gouvernement espagnol et son revirement inexpliqué dans le dossier sahraoui alors que tout le monde sait que la responsabilité historique de l’Espagne dans ce conflit n’est plus à démontrer.
A croire qu’au sein de l’Union européenne, on attendait la moindre occasion pour tenter de porter atteinte à notre souveraineté et la crédibilité de l’Etat algérien. Et à ce jeu-là, difficile de ne pas suspecter la France de mener dans ce sens un travail de sape et son rôle actif dans la quête d’affaiblir l’Algérie pour la simple raison qu’elle a définitivement épuisé son crédit auprès des hautes autorités algériennes, en n’étant plus ce partenaire privilégié et à qui, tout est permis.
Ceci est désormais du passé car ces dernières années, plus précisément depuis le Hirak, les français n’ont plus pignon sur rue (algérienne) et ont perdu beaucoup du terrain, dans tous les domaines. L’hypothèse de représailles est donc plausible mais ce que l’UE ignore ou feint d’ignorer, c’est selon, c’est que l’Algérie a peu (ou prou) à perdre dans cette histoire.
C’est plutôt l’Espagne qui va sans doute pâtir de cet incident diplomatique, suite notamment à la décision prise par Alger, dans la foulée de la suspension du traité d’amitié, de procéder au gel des domiciliations bancaires des opérations de commerce extérieur de produits et services depuis et vers l’Espagne. Et lorsqu’on sait que le volume des exportations espagnoles vers notre pays est quelque chose comme 3 milliards de dollars, on comprend mieux l’inquiétude, voire l’affolement des opérateurs économiques et des hommes d’affaires ibères.
Quant à l’Algérie, d’aucun sait que ses exportations vers l’Espagne se limitent essentiellement à la fourniture du gaz et les espagnols n’ont aucun intérêt à annuler le contrat d’approvisionnement au risque de provoquer une crise énergétique sans précédent.
Pis, ou mieux (c’est selon encore une fois), des clauses contenues dans le deal en question peuvent être exploitées par Alger pour procéder à la révision des prix, à la hausse bien entendu, ce qui compliquerait davantage la situation pour l’Espagne. Qu’on vous le dise toute de suite, l’Algérie n’a rien à perdre dans cette histoire, bien au contraire. Elle sortira sans doute grandie. Souveraine surtout. N’en déplaise à l’UE.
Fildalgerie / Ines Amroud