Nouvelles arrestations dans le cadre de l’affaire de l’assassinat de Djamel Bensmaïl. Après les 36 personnes, dont trois femmes,
la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN) a annoncé hier l’arrestation de 25 autres individus suspectés d’être impliqués dans le crime abominable. La DGSN précise que ses enquêteurs ont mis la main sur le téléphone portable de la victime dont ils ont récupéré des « informations stupéfiantes » sur les véritables mobiles du meurtre. Elle fait savoir dans une référence au MAK que l’enquête a permis de « découvrir » qu’un réseau criminel, classé comme organisation terroriste, est « derrière le lynchage ».
Par Feriel Nourine
Nouvelles arrestations dans le cadre de l’affaire de l’assassinat de Djamel Bensmaïl. Après les 36 personnes, dont trois femmes, la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN) a annoncé hier que l’enquête menée par ses services spécialisés a permis d’arrêter 25 autres individus suspectés d’être impliqués dans le crime abominable perpétré contre le jeune parti prêter main forte aux habitants de Larbaâ-Nath-Irathen, dans la wilaya de Tizi-Ouzou, face aux incendies qui ravageaient alors l’ensemble de la Kabylie.
Ces derniers se trouvaient «en état de fuite dans plusieurs wilayas du pays», a souligné la DGSN dans un communiqué de presse, précisant que deux d’entre deux «ont été arrêtés par les services de sûreté de la wilaya d’Oran alors qu’ils s’apprêtaient à quitter le pays».
Au total, ce sont donc 61 suspects qui se trouvent en état d’arrestation. Ils ont «impliqués à différents degrés dans l’homicide, l’immolation et la mutilation d’un cadavre, la destruction de biens et la violation d’un siège de police», précise la même source. Des crimes qui peuvent mener jusqu’à la peine capitale, indiquent des avocats spécialisés en affaires criminelles.
La DGSN précise encore que ses services chargés d’enquêter dans cette affaire ont mis la main sur le téléphone portable de la victime dont ils ont récupéré des «informations étonnantes sur les véritables mobiles du meurtre du jeune Djamel Bensmaïl, qui seront révélées par la Justice ultérieurement en raison du secret de l’instruction».
Ces informations confirmeraient-elles donc la thèse de la conspiration qu’ont fait planer les témoignages et aveux de suspects révélés par des vidéos lors du point de presse animée dimanche dernier par le chef de la police judiciaire ? Lesquels aveux rejoignaient les révélations de Mohamed Chakour affirmant que «dès que Djamel a constaté qu’il y avait des soupçons autour de lui, il a appelé la police, qui l’a conduit au commissariat de la localité» où la foule en état de délire criminel l’avait malheureusement précédé, après avoir signé d’avance son acte de décès par les plus atroces des pratiques criminelles.
C’est d’ailleurs dans ce même ordre d’idées que le communiqué de la DGSN fait également savoir que l’enquête a permis de «découvrir qu’un réseau criminel, classé comme organisation terroriste, est derrière le plan ignoble, de l’aveu de ses membres arrêtés». Référence au MAK ? Sans aucun doute, puisque quelques heures après les révélations contenues dans ce même communiqué, une vidéo diffusée sur les chaînes de TV nationales montreront des suspects affirmant être des militants du Mouvement dirigé par Ferhat Meheni et faisant des aveux sur leur implication dans le crime commis contre le jeune Djamel Bensmaïl. Il s’agit de suspects faisant partie des 25 nouvelles personnes arrêtés avouant leur implication dans cette affaire d’assassinat du jeune Djamel Bensmail. Ils ont avoué avoir «frappé la victime avant de la traîner, tuer, brûler puis mutiler» au niveau la place du martyr Abane Ramadane, au centre-ville de Larbaâ Nath Irathen.
Le frère de Djamel appelle éviter les discours haineux
Alors que les détails révélés à ce jour par l’enquête de la police sont en train de confirmer qu’il ne peut exister le moindre lien de complicité entre la population de Larbaa Nath Irathen et les assassins de Djamel, les appels à la sagesse et au calme se poursuivent, se dressant en rempart imprenable contre les commanditaires de cet ignoble acte ayant pour desseins de semer la haine et de provoquer la division.
Des appels en provenance de toutes les couches socio-professionnelles du pays, mais surtout de sa famille dont le frère de «Jimmy» a décidé de prendre le relais de son père pour prôner le même discours rassembleur qui a suscité l’admiration et le respect de l’ensemble des Algériens, meurtris eux aussi par le sort qui a été réservé au fils de Miliana.
Prenant la parole au nom d’une famille qui, une semaine après la disparition atroce de son fils, n’arrive toujours pas à faire son deuil, le frère de la victime a appelé les usagers des réseaux sociaux à cesser de relayer les vidéos choquantes de lynchage, d’immolation, puis de la décapitation du défunt.
L’appel, dont la vidéo circule sur le net, a été fait en marge de la visite du conseiller du président de la République, Abdelhafid Allahoum, à la famille de la victime.
L’intervenant a souligné que sa mère n’est pas encore au courant de le manière dont a été assassiné son fils, insistant sur l’obligation de lui épargner cette autre épreuve aux conséquences peut-être plus dangereuses que la mort de sa progéniture, dont la cruauté des images fait énormément de mal à sa famille et son entourage, a-t-il encore expliqué.
De son côté, le conseiller du président de la République, en sa qualité de président de la commission d’évaluation et d’indemnisation des victimes des incendies qui ont frappé le pays, a annoncé à la famille Bensmaïl les mesures de solidarité dont elle bénéficiera, à savoir un acte de propriété de l’habitation qu’elle occupe actuellement en location et une allocation d’un million de dinars qui lui sera versée en guise d’indemnisation décidée pour les victimes des incendies.
Le même responsable a, en outre, demandé au wali de Aïn Defla de baptiser au nom de Djamel Bensmaïl la place, à Miliana, où «Jimmy» avait l’habitude de réaliser ses tableaux.
Ainsi donc, tel père, tel fils (au pluriel) chez la famille Bensmaïl, comme le témoigne cet appel du frère de la victime venu prendre le relais d’un papa qui a été parmi les premiers à réagir publiquement pour tenter de faire taire les provocations haineuses et de division et prôner la sagesse dans un discours rassembleur sorti des tripes quelques petites heures seulement après avoir reçu les images horribles de l’assassinat de son fils. «Mes amis sont Kabyles, mes neveux aussi. Que Dieu nous donne la patience, Djamel était votre frère et il est mort en martyr. Je dis aux habitants de Miliana qu’ils doivent être fiers car c’est un héros, après Ali La Pointe», avait lancé Noureddine Bensmaïl, dans la soirée de mercredi dernier.
Il rééditera le même discours, le lendemain en allant chercher le corps calciné de son fils à Tizi-Ouzou, et reviendra encore à la charge contre la velléité d’allumer le feu de la discorde parmi les Algériens, vendredi sur l’ENTV. «Mon fils souhaitait que sa mort rassemble les Algériens et c’est ce qui vient de se passer. Nous espérons que c’est lui qui rassemblera les Algériens», a-t-il soutenu. «Nous ne voulons pas la division. Il n’y ni Chaoui, ni sudiste ou autre. Nous sommes tous des Algériens, il n’y a aucune différence. Les Kabyles sont nos frères, nos amis, nous avons des liens de parenté avec eux, notre sang est mêlé. Nous ne voulons pas que quelque chose sème la discorde entre nous», a encore insisté ce père sortit de l’anonymat et de la quiétude des gens de Miliana par une porte qu’aucun être humain ne souhaiterait traverser.
Reporters