Le lobby anti-algérien, actionné par le Maroc, s’enflamme ces jours-ci au point de l’hystérie. Prenant le prétexte de la guerre ouverte par les Etats-Unis, des personnalités politiques, dont la majorité d’entre elles sont connues pour leurs accointances avérées avec le makhzen marocain, ont relancé la fameuse pétition demandant des sanctions contre l’Algérie pour ses liens avec la Russie.
Après une première lettre de sénateurs républicains, envoyée par le sénateur Marco Rubio, c’est quasiment la même copie qui vient d’être adressée, avant-hier, au secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, par des membres du Congrès, réclamant des sanctions contre l’Algérie.
C’est la représentante Lisa McClain qui a initié cette pétition. Elle a été signée par 26 de ses collègues, entre républicains et démocrates. L’argument brandi est l’achat d’armes russes dont les recettes engrangées par Moscou contribuent à son effort de guerre en Ukraine.
Parmi les signataires figurent Lisa McClain, Robert J. Wittmann, Lance Gooden, Van Taylor, Buddy Carter, Marcy Kaptur, Joe Wilson, Jim Costa, Randy Weber, John Curtis, Daniel Webster, Don Bacon, Chris Stewart, Austin Scott.
Au total, ils ne sont que 27 membres sur 435 à avoir signé cette lettre, ce qui démontre que cette initiative, organisée pour le compte du Maroc, n’est pas suivie ni partagée par la majorité des membres du Congrès US.
« Nous vous écrivons aujourd’hui pour exprimer notre préoccupation devant le développement des liens entre la Fédération de Russie et la République algérienne démocratique et populaire », écrivent, à l’adresse du secrétaire d’Etat, les huit parlementaires dans leur message. Rappelant que la Russie est le plus grand fournisseur d’armes de l’Algérie, ils soulignent que l’année dernière, l’Algérie a contracté des transactions d’achat d’armes russes pour 7 milliards de dollars, incluant le Sokhoï 57, « un avion de chasse particulier que la Russie n’a, jusqu’à maintenant, accepté de vendre à aucun autre pays dans le monde ».
Comme Marco Rubio, il y a une quinzaine de jours, les huit députés invoquent le CAATSA ou le Countering America’s Adversaries Through Sanctions Act (loi pour lutter contre les adversaires des Etats-Unis par les sanctions), adopté en 2017.
Pour les signataires de la pétition, les récentes transactions entre l’Algérie et la Russie peuvent être mises dans la catégorie des « transactions importantes » qui tombent sous le coup du CAATSA.
« Il est urgent que le Président et son administration se préparent à sanctionner ceux qui financent le gouvernement russe et sa machine de guerre à travers l’achat d’équipements militaires », écrivent-ils.
Les signataires demandent à Anthony Blinken d’imposer des « sanctions significatives » contre ceux qui, dans le gouvernement algérien, « sont impliqués dans le commerce d’armes avec la Russie ».
Il convient de rappeler que le CAATSA, dans son article 231, ordonne au président des Etats-Unis d’imposer des sanctions à toute personne qui s’engage dans des transactions importantes dans le secteur militaire et celui du renseignement de la Russie. Le pouvoir de décréter des sanctions a été délégué par le président américain au secrétaire d’Etat.
Bien que cette lettre n’ait pas eu l’adhésion de la quasi-majorité des représentants du Congrès, il convient de souligner l’argument brandi par les signataires, qui semblent bien oublier, ou feignent, d’oublier que l’Algérie n’est ni le premier acheteur d’armes russe ni le principal client. Ont-ils oublié que la Chine et l’Inde sont les premiers clients pour les armes russes ? Même la Turquie, pays membre de l’Alliance atlantique, a acheté à la Russie les missiles sophistiqués S-400 et dont la transaction a provoqué de vives tensions entre Erdogan et Trump.
Il est clair que cette pétition est un pur ciblage sur l’Algérie, actionné par un relais anti-algérien. Ces membres exécutent une campagne de lobbying, au profit du Maroc, à travers la société de Jeff Christopherson (chef de cabinet adjoint de Cruz, lui-même sénateur), JPC Strategies.
Cette campagne ne fait que justifier le pactole de 455 000 dollars, perçu du ministère des Affaires étrangères marocain. Comme fervent défenseur des intérêts du Makhzen aux Etats-Unis, le sénateur Rubio, c’est ce groupe qui a retardé l’installation de l’ambassadrice Elizabeth Aubin à son poste, à Alger, l’an dernier.
Le cabinet de lobbying JPC Strategies est officiellement enregistré, depuis novembre 2021, comme lobbyiste au profit du Maroc, en vertu d’un contrat signé avec l’ambassade du Maroc à Washington. La règle « Qui paye commande » trouve donc toute sa vérité dans ce marché politico-financier.
Par Mohamed Kouini / jeune-independant