Pour les uns, le divorce fait peur. Pour les autres, notamment les femmes, il est synonyme de libération. Pour reprendre une expression courante chez les religieux, le divorce demeure un acte licite, mais blâmable. Chaque cas est à lui seul singulier et renvoie à une histoire particulière. Dans ce dossier, nous avons voulu connaître les raisons qui conduisent à la rupture des liens du mariage en interrogeant ceux qui ont affronté cette épreuve et souffert de ses conséquences sur l’équilibre individuel et social. Un sociologue explique ce que révèle et cache le phénomène. Dans ce dossier, nos reporters évoquent également le prix que paient surtout les femmes chez qui le divorce est moins craint dans une société où beaucoup de normes sont remises en cause.
Les Algériens se font de moins en moins la promesse de vivre cette belle aventure qu’est l’union par le mariage. Les cas de divorce sont surprenants, mais prennent surtout des proportions alarmantes. Au vu des chiffres enregistrés ces dernières années, la situation s’avère inquiétante. Ceux qui sont avancés par les autorités donnent froid dans le dos. En 2021, plus de 100 000 divorces ont été recensés, dont 44 000 rien que durant les 6 premiers mois. Le divorce en Algérie est devenu un fléau, particulièrement après l’amendement du code la famille en 2016. Les dispositions de la loi, voire les mœurs ont changé avec l’introduction notamment de la procédure El Khol’, considéré naguère comme un acte honteux. Par les temps qui courent-ils, elle est devenue banale. El Khol’ est devenu l’arme des femmes, particulièrement celles disposant d’un revenu stable, pour mettre fin à une relation et se «libérer» de l’emprise d’un mari qui se révèle négligeant ou violent. Désormais, les femmes n’hésitent plus prendre à l’initiative de demander le divorce.
Selon des statistiques du ministère de la Justice, l’incompatibilité des caractères est à l’origine de plus de 10% des demandes de divorce. Suivent les problèmes d’argent, de travail (perte d’emploi, dettes…), à l’origine de plus de 10% des demandes et les conflits avec les beaux-parents. Toutefois, la principale cause de divorce demeure l’infidélité. Près de 30% des demandes sont motivées par l’existence d’une relation extraconjugale. En somme infidélité, violence conjugale, absence d’affection, désaccords sur les grandes décisions familiales, abandon de famille et irresponsabilité poussent au divorce.
La désunion entraîne des conséquences. Lorsque les parents sont divorcés, le titulaire du droit de garde exerce également la tutelle. Ainsi, la mère qui bénéficie de la garde des enfants n’a pas besoin de l’autorisation du père pour quitter le territoire national en compagnie de ses enfants. Elle doit juste présenter la copie du jugement lui accordant la garde. Le père, quant à lui, doit verser la pension alimentaire de façon régulière et exercer son droit de visite.
Pour certains spécialistes, le divorce engendre des troubles surtout chez les enfants qui sont les premières victimes des dissensions familiales. Ceux qui ont vécu la séparation de leurs parents rencontrent des difficultés durant leur scolarité. Les adolescents surtout souffrent beaucoup du regard des autres. Pour d’autres spécialistes, il ne s’agit nullement d’une règle bien établie. Il existe aussi des enfants qui réussissent et qui n’ont subi aucun choc émotionnel.