En dépit de la cherté des produits et de l’érosion du pouvoir d’achat : Le gaspillage a la peau dure

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Aussi paradoxal que cela puisse paraître, la hausse des prix des produits de première nécessité et son corollaire,
l’érosion du pouvoir d’achat, n’ont pas impacté le gaspillage des ménages qui reste toujours élevé.

Reporters / PAR NAZIM BRAHIMI

Le constat est plus que frappant après 15 jours du mois de Ramadhan durant lequel les mauvaises habitudes, aussi bien en termes d’achat qu’en matière de consommation, semblent avoir la peau dure. Les poubelles et autres espaces dédiés aux décharges ménagères débordent de denrées alimentaires jetées en grandes quantités, y compris des baguettes de pain. Pourtant, autre curiosité qui accompagne ce phénomène, les citoyens se plaignent tous de cette tendance au gaspillage qui semble s’accentuer durant le mois de jeûne marqué par une frénésie d’achats qui cause à la fois l’augmentation des prix et, parfois, la rareté de certains produits.


Très illustratif, une quantité de près de 30 000 tonnes de déchets a été ramassée rien que dans la wilaya d’Alger par la société Extranet dans seulement une trentaine de communes, selon le service de la communication de l’entreprise. Lequel souligne que le volume d’ordures collectées durant les 15 premiers jours de Ramadan a connu une augmentation de plus de 20% comparativement au volume enregistré régulièrement auparavant. L’année passée et à la même période, soit après deux semaines de Ramadan, le ministère de l’Intérieur, des Collectivités locales et de l’Aménagement du territoire avait fait état de quelque 4 250 664 baguettes de pain jetées dans les poubelles au niveau national. Pour cette année, c’est l’Agence nationale des déchets (AND) qui a fait état d’une étude afin de définir les niveaux de gaspillage alimentaire chez les familles algériennes et les différents opérateurs économiques publics et privés. Initiée en mars dernier, l’étude s’étalera sur une année, selon les explications données par la directrice de gestion intégrée des déchets à l’Agence, Fatma Zohra Barça, qui ajoute que l’AND aspire à travers cette étude à définir «les indicateurs quantitatifs pour mesurer l’ampleur du fléau du gaspillage alimentaire en Algérie, au niveau des ménages et des entreprises économiques, en prévision de l’élaboration d’une feuille de route prévoyant des objectifs précis de lutte contre ce fléau».


L’étude en question tend à définir les opérations à engager pour éviter le gaspillage alimentaire et à élaborer des applications permettant de localiser les lieux de gaspillage, en sus de mettre en place des programmes de collecte des restes alimentaires inutilisés, en coopération avec la société civile, selon la même responsable. Elle a relevé, en ce sens, qu’en 2019, le taux de gaspillage alimentaire représentait plus de 19% des aliments destinés aux ménages algériens, contre un taux plus important pour les restaurants, les hôtels et les grandes unités de production, faisant remarquer qu’à chaque Ramadan, la quantité de déchets ménagers augmente de 10 % par rapport aux autres mois.
La même responsable a relevé que l’indicateur de l’année 2021 affiche un recul du taux de croissance à 4 % dû, selon elle, à l’impact de la pandémie de la Covid-19 sur le mode de consommation des familles algériennes, ainsi qu’aux actions de sensibilisation.


En se référant à l’opération d’évaluation quantitative réalisée par l’Agence, elle a indiqué que la quantité de pain gaspillé en 2021 s’élève à 14 g par habitant par jour, soit 914 millions de baguettes par an.


Selon la même responsable, la quantité globale des déchets produits par les consommateurs en Algérie s’élève à environ 13 millions de tonnes en 2021, un taux considéré «moyen» par rapport aux quantités cumulées dans les autres pays, estimant que «la problématique réside dans la manière de gestion les déchets et non pas leur quantité». n

Reporters / PAR NAZIM BRAHIMI

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