FEUX DE FORÊTQue peut dire le singe magot au chacal ?

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Brahim Taouchichet / lesoirdalgerie

La catastrophe à grande échelle qui nous frappe est sans commune mesure avec celles qui l’ont précédée. En dépit de ses 4200 morts, un tissu urbain désarticulé, des populations traumatisées à jamais, le tremblement d’El Asnam (aujourd’hui, Chlef, du nom du fleuve qui traverse la région) du 10 octobre 1980 était circonscrit à une aire géographique précise.

Aujourd’hui, c’est tout le nord du pays que des mains criminelles inhumaines ont mis sur le gril. Si les bombardiers d’eau finiront inéluctablement par prendre le dessus sur les feux de forêt, les images d’enfer nous hanteront pour longtemps, très longtemps. Par l’étendue des dégâts matériels insoutenables, partis en fumée, emportant toute une vie de labeur sachant que dans ces rudes montagnes, c’est un combat quotidien à livrer dès l’aube pour gagner sa pitance. 


Le triste bilan des victimes humaines restera une plaie béante pour toujours dans la mémoire collective, elle-même sous un choc traumatique sans précédent qui rappelle la période coloniale et les bombardements au napalm. Il me vient à l’esprit les images, hautes en couleur, de Tikjda, Tala Guilef, fiefs d’une nature luxuriante, habitat du singe magot, hôte, plein de malices, complice de touristes d’un jour, le chacal, sujet de tant de légendes dans ces contrées.

Comment faire l’impasse sur Annaba, la bien-nommée, et les monts de l’Edough, Seraïdi et ses forêts de chênes-lièges de grande renommée ? Sans anticiper sur le bilan, forcément néfaste, des incendies il faudra en tirer les leçons qui sont nombreuses. Retenons, entre autres, le crime causé à l’environnement. Un ministère lui est dédié dans l’exécutif gouvernemental. Ce serait une grossière erreur de considérer que tout le débat à venir sur ce sujet est de son ressort. Il s’agit là d’un secteur vital pour l’écosystème d’un pays (on respire par la forêt), sensible à la moindre agression – les incendies étant la pire. Et d’abord, il y a le respect des règles d’hygiène, foulées aux pieds, aussi bien dans les villes en pleine croissance. Maintes fois, ce non-respect de l’environnement a été signalé à la vue de ces montagnes de détritus et d’ordures ménagères déversées de façon anarchique, des tessons de bouteilles jonchant les routes vicinales. 


Les défenseurs de l’écologie, ici, chez nous, n’ont cessé de tirer la sonnette d’alarme. Le docteur Smaïl Boulbina s’insurgeait, dans les années 90, par tant d’insouciance face à des questions pourtant cruciales et engageantes pour l’avenir de tout un pays. Il avait créé le PEL (Parti écologie et liberté). Mais il abdiquera après s’être démené comme un diable. Dans son activisme, il était vu comme un excentrique plus soucieux de satisfaire son ego. En avance sur son temps ? Le temps est venu de revoir notre rapport à la nature. C’est une priorité d’abord politique plutôt que simplement technique et doit peser dans la gestion politique globale du pays. Elle doit être hissée au rang de culture afin de l’enraciner dans les mentalités. Deux priorités : éducation à la base (les enfants), sensibilisation des adultes (qui jettent n’importe quoi de la fenêtre de leur voiture).

 
La loi doit être implacable vis-à-vis des contrevenants. C’est aussi la responsabilité de l’État qui doit sortir de sa léthargie quant à ce sujet qui l’interpelle très fortement. Le laxisme est mère de tous les vices, toutes les incivilités. 

Brahim Taouchichet / lesoirdalgerie

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