Football. Ramadan et performances de haut niveau font-ils bon ménage ?

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En ce mois d’avril 2022, les musulmans pratiquent le ramadan dont le jeûne de l’aube au coucher du soleil. Une pratique qui n’altère, normalement pas, les performances à très haut niveau.

« Le Ramadan n’a aucun impact et fait partie de ma vie et ma religion fait du Ramadan une obligation. Pour moi, c’est très important et je me sens bien quand je jeûne », confiait l’international Français Karim Benzema en conférence de presse après son triplé à Stamford Bridge contre Chelsea (1-3) en quart de finale aller de Ligue des champions.

Depuis le 2 avril et jusqu’au 2 mai, les musulmans suivent le mois du Ramadan et appliquent le cinquième pilier de l’Islam, c’est-à-dire qu’ils jeûnent de l’appel à la prière à l’aube (environ 5 h du matin) jusqu’à la quatrième prière de la journée, le coucher du soleil (environ 21 h). Une problématique à laquelle les footballeurs doivent jongler tant le sport de haut niveau requiert une discipline à toute épreuve en termes de sommeil, d’alimentation et d’hydratation. Mais est-il possible de conjuguer performance à très haut niveau et ramadan ?

La coupure du jeûne : un moment crucial

La réponse est la plupart du temps unanime : oui. « Si le travail à la coupure est bien fait, ça ne pose pas de problème », explique Kaffa N’Daw, préparateur physique qui s’occupe de quelques joueurs professionnels (Corentin Tolisso, Ottman Dadoune, Yanis Merdji, etc.). Lui-même pratiquant, il leur préconise de ne pas faire d’entraînement en plus de ceux en club la première semaine de façon à ce que le corps s’habitue au stress du changement. Les trois semaines suivantes, il conseille des exercices en réduisant le nombre de série et de répétition (25 à 30 minutes) pour travailler la mobilité, la souplesse ou la prophylactique (prévention de blessure). « À côté, je leur recommande de bien manger, bien boire à la coupure. Faire le maximum de recharge. La déshydratation est pour moi le plus dangereux. »

« On se retrouve dans une période de désadaptation qui n’est pas forcément propice à la performance de haut niveau, concède Nicolas Aubineau, nutritionniste centre médico-sportif Rochelais. S’il y a un objectif important durant cette phase, je ne conseille pas de se lancer à fond dedans. » Sachant qu’en cas de grosse échéance, un jour non jeûné peut être récupéré ultérieurement.

« On est sur une période qui a tendance à acidifier le corps, et dès qu’on acidifie le corps, on détruit les tissus de l’organisme. On va se retrouver dans un état inflammatoire exacerbé qui peut donner lieu à des tendinites, des fractures… », poursuit-il.

Le jeûne est conseillé chez les sportifs

Pour se faire, Nicolas Aubineau préconise une hydratation au compte-gouttes entre les prises alimentaires pour faciliter la digestion en utilisant des eaux moins minéralisées pour hydrater les muscles en profondeur. Même procédé côté alimentaire. « Un peu comme le syndrome du bodybuilder, il faut réussir à s’alimenter toutes les trois à quatre heures. Il faut fractionner pour faciliter la digestion. Et adapter la part alimentaire en bonne graisse, dont les Omega 3, pour faciliter la reconstruction des cellules, conseille-t-il. Le glucide je préfère l’amener sous forme de boissons pour refaire des réserves en sucre. Le mieux est d’avoir une eau faiblement minéralisée et légèrement sucrée de façon avoir un stockage optimisé au niveau glycogène, et gras protéineux pendant les repas solides. »

La période du Ramadan est un semi-jeûne qui est recommandé chez les sportifs de haut niveau. Mais pas forcément en pleine saison pour Nicolas Aubineau : « Au niveau toxinique, on a tendance à encrasser. Sur un sportif de niveau, le degré d’encrassement est plus élevé qu’à la normale car l’alimentation est plus conséquente. Ça favorise les tendinites et les problèmes inflammatoires. C’est aussi pour ça que le jeûne est conseillé (en début de saison ou après un objectif) pour diminuer l’afflux d’entrées et augmenter la sortie. »

Mais pour qu’un Ramadan se passe bien. Il faut avant tout le préparer. « Tout dépend des joueurs. En temps normal, certains ne mangent pas correctement et pour eux, ça peut être plus compliqué, concède Kaffa N’Daw. C’est une période difficile, ça demande beaucoup de volonté, mais s’il le footballeur le fait, c’est que ça lui fait du bien mentalement. »

La meilleure réponse est venue de l’attaquant du Real Madrid Karim Benzema sur la pelouse de Stamford Bridge.

Ouest-France / Dylan LE MÉE.

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