Hydrogène vert : «L’Algérie peut satisfaire 40% de la demande européenne»

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L’hydrogène, énergie du futur, est le sujet d’actualité en Algérie. La demande mondiale sur l’hydrogène gris tournerait autour de 115 millions de tonnes/an, alors que les exigences voudraient que cette demande bascule rapidement sur l’hydrogène vert.


La demande européenne serait d’environ 11 millions de tonnes actuellement, elle sera de 13,2 millions de tonnes à l’horizon 2030, et passera à 36,5 millions de tonnes en 2040 pour exploser en 2050 et se situer entre 108 et 115 millions de tonnes, voire plus.


Cela dit, une période de transition qui ne devrait pas dépasser 2030 sera portée sur un mix d’hydrogène vert et d’hydrogène bleu qui est une forme de vaporeformage de l’hydrogène qui permet de capturer le carbone alors que l’hydrogène vert est obtenu en recourant aux énergies vertes. «Cela placera l’Algérie dans la position de leader dans le monde, compte tenu de son potentiel de production d’hydrogène vert, vu le potentiel d’énergies renouvelables existant, et qui est de 400.532 Térawatts heure/an qui intègre aussi bien l’éolien que le solaire et la géothermie», a affirmé, hier sur les ondes de la chaîne 3, le Pr M’hamed Hammoudi, chef de cabinet au ministère de la Transition énergétique et des énergies renouvelables.

Celui-ci indiquera que l’Algérie a les possibilités de produire de l’hydrogène vert de très haute qualité et à très bon prix, au vu du potentiel national en matière d’énergie solaire et éolienne. Il précisera que «l’Algérie a les capacités pour satisfaire 40% de la demande européenne, parallèlement à la demande locale qui est appelée à se développer». Selon l’invité de la rédaction, notre pays peut très rapidement aller vers une production de 4 à 5 millions de tonnes/an.

Pourquoi l’hydrogène vert algérien serait moins cher 


Avec les contraintes qu’imposent les changements climatiques, le virage vers l’hydrogène vert semble inévitable. Pour expliquer les prix concurrentiels qu’offrirait l’Algérie en matière d’hydrogène vert, le Pr M’hamed Hammoudi dira que la production de 1 million de tonnes permettait de produire, en même temps, 8 millions de tonnes d’oxygène qui viendraient s’ajouter à l’hydrogène vert. Cela nécessiterait 24 millions de m3 d’eau issus du dessalement d’eau de mer, ou seulement 13 millions de m3 d’eau si on utilise la récupération des eaux usées, avec la précision que l’Algérie dispose de 1 milliard de m3/an dans ce domaine.


En matière d’énergie, on devrait mettre en place autour de 10 GW d’électrolyse, ou 18 GW en énergie renouvelable. Le coût d’un tel projet serait d’environ 23 milliards de dollars. «La demande est tellement importante que cela ne représente pas beaucoup», affirmera-t-il, insistant sur le fait que le recours à des techniques moins coûteuses en énergies et en eau sont la clé pour avoir de l’hydrogène vert à très bas prix.


Lors de son passage à l’émission l’invité de la rédaction de la Chaîne 3, le Pr M’hamed Hammoudi insistera sur le fait que le grand potentiel de l’Algérie pousse beaucoup d’entreprises étrangères (italiennes, turques, chinoises et allemandes), ayant d’importants moyens technologiques dans le domaine des énergies renouvelables, à afficher leur volonté d’investir en Algérie. «La concurrence est tellement présente entre ces entreprises que chacune d’elles veut présenter le meilleur dossier», dira le responsable qui annoncera que «l’ouverture des plis de l’appel d’offre est pour bientôt».


Pour conclure ces partenariats, dit-t-il, «il a fallu accélérer la cadence de l’ajustement de la réglementation sur l’ensemble des projets, au niveau de tous les secteurs concernés». Le Pr Hammoudi précise qu’«un travail supplémentaire est en train de se faire dans ce sens, pour mettre à niveau ces lois, suivant les changements qui interviennent à l’échelle internationale».

Nécessité d’une exploitation optimale


Revenant sur l’apport économique de l’hydrogène vert, M’hamed Hammoudi rappelle que ce produit est à la base d’autres sous-produits, à savoir le kérosène vert, le diesel vert, l’ammoniaque vert et le méthanol vert en premier, et qui seraient une véritable plus value.


Selon le même responsable, l’hydrogène vert peut également permettre à l’Algérie d’économiser la taxe carbone : «Avec une production de 1 million de tonnes d’hydrogène vert, on peut gagner jusqu’à 35 millions de crédit carbone, ce qui nous permettra de satisfaire les mécanismes d’ajustement carbone aux frontières qui vont s’installer à partir de 2023 et 2026 pour les autres produits que nous avons, et donner des arguments à nos entreprises exportatrices».


Il conclura en affirmant que le travail qui a été amorcé depuis plusieurs mois déjà pour identifier les marchés qu’on pourrait satisfaire, permet d’avoir «une vision très ferme, très claire et surtout chiffrée pour être leader dès maintenant, et non pas attendre quelques années, un leader mondial de l’énergie renouvelable et de l’hydrogène vert».


B. A. / lalgerieaujourdhui

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