Jeux Olympiques de Tokyo 2020: La pire édition depuis Athènes 2004

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La pire édition depuis Athènes 2004

Une énorme désillusion, d’autant plus que l’Algérie a, pour la première fois de son histoire, pris part à cet événement planétaire dans 14 différentes disciplines.

Jamais, depuis l’édition de 2004 en Grèce, l’Algérie n’a réalisé un bilan aussi catastrophique aux Jeux olympiques d’été. Les 44 athlètes engagés à Tokyo 2021 sont tous revenus bredouilles. Une énorme désillusion, d’autant plus que l’Algérie a, pour la première fois de son histoire, pris part à cet événement planétaire dans 14 différentes disciplines. En termes d’athlètes, c’est aussi la plus large participation, sachant que lors des éditions précédentes, le nombre était rehaussé par la présence des sports collectifs à l’image du football, du volley-ball ou encore du hand-ball. Autant d’athlètes pour autant de chances de médailles, donc. Cependant, les choses ne se sont pas déroulées comme prévu. Les disciplines phares du sport national sont complètement passées à côté. Makhloufi, qui a déjà honoré le pays lors des Jeux de Londres (2012) et de Rio (2016), a déclaré forfait, à la surprise générale, le jour de son départ pour la capitale nippone. Pour sa part, le jeune triple sauteur a réalisé la meilleure performance de toute la délégation, en terminant le concours à la 5e place seulement, malgré un nouveau record d’Algérie (17,43 m). A l’image de l’athlétisme, la boxe n’a pas pu rivaliser au tournoi olympique. Aucun pugiliste n’a réussi à passer le seuil des quarts de finale. Une satisfaction tout de même, la participation pour la première fois de la boxe féminine au JO avec trois jeunes athlètes (Romaissa Boualem, Imene Khelif et Ichrak Chaib). Arrivée au Japon avec deux représentants, le judo algérien a d’abord vu le retrait de Fethi Nourine à l’issue du tirage au sort. Ce dernier a pris la décision salutaire et héroïque de ne pas croiser le judoka de l’occupant israélien. De son côté, Asselah Sonia a été balayée du tatami dès son premier combat. Pour rappel, l’Algérie a remporté 17 médailles au total (5 or, 4 argents et 8 bronze) depuis sa première participation à cet événement sportif à Tokyo en 1964, avec le gymnaste Mohamed Lazhari. Absente à Mexico en 1968, l’Algérie qui avait boycotté l’édition 1972 à Munich a remporté sa première médaille olympique en 1984 à Los Angeles, par l’intermédiaire du boxeur Moussa Mustapha. Ahmed Zaoui a offert au pays la seconde médaille de bronze lors de la même édition. C’est la demi-frontiste Hassiba Boulmerka, aux Jeux de Barcelone (1992), qui permet à l’Algérie de glaner la première médaille d’or. Le meilleur classement de l’Algérie aux JO reste l’édition de 1996. Grâce aux médailles d’or du pugiliste Hocine Soltani et de Noredine Morceli et au bronze du boxeur Mohamed Bahari, la délégation nationale a terminé à la 34e position du classement général par nation. Avec une médaille d’or à Londres et deux de bronze à Rio, Mekhloufi est l’athlète qui a le mieux représenté le pays aux Jeux olympiques. La prochaine édition aura lieu à Paris en 2024. L’Algérie, qui compte une forte communauté en France, tentera de se ressaisir pour réaliser le meilleur résultat possible.

M.S.N

QUE de  déceptions !

Hormis les Olympiades d’Athènes 2004, l’Algérie a toujours glané au moins une breloque lors du plus grand rendez-vous sportif planétaire, et ce, depuis Barcelone 1992. Pour l’édition nippone, nos athlètes ont été incapables de se maintenir au très haut niveau mondial.

Présents dans 14 disciplines avec un nombre initial de 44 participants, les athlètes algériens ont échoué à ramener une médaille. Pire encore, à se qualifier en finale hormis l’exploit de Triki. En effet, Yasser Mohamed-Tahar Triki s’est classé à la 5e position lors de la finale du triple saut avec 17m43. Il a battu à deux reprises son record personnel ainsi que le record national en ratant la médaille de bronze de 4 cm seulement. Atteindre la finale a été la meilleure performance de nos sportifs, contrairement aux six autres athlètes qui ont prématurément quitté les épreuves d’athlétisme. Dans l’épreuve 400 m haies, Abdelmalek Lahoulou a terminé 5e en demi-finale tandis que la jeune hurdleuse Loubna Benhadja, âgée de 20 ans, a amélioré sa performance tout en terminant dernière de sa série. Yassine Hethat a terminé 5e de sa série dans l’épreuve du 800 m alors que Djamel Sedjati, spécialiste aussi dans le 800 m, a été testé positif au Covid-19 et donc disqualifié. Le spécialiste en 3000 m steeple Bilal Tabti a été disqualifié également pour cause de contamination également tandis que son compère Hichem Bouchicha a terminé la course du 1er tour à la dernière place. Les pugilistes au nombre de huit sont passés à côté de leur sujet. Six boxeurs ont quitté la compétition dès les huitièmes de finale, en l’occurrence Abdelhafid Benchabla, Younes Nemouchi, Mohamed Flissi, Chouaib Bouloudinats, Mohamed Houmri et Ichrak Chaib. Dans le poids inférieur à 51 kg, l’aventure s’est arrêtée pour Romaissa Boualem en 16e de finale tandis que le meilleur résultat au noble art a été réalisé par Imene Khelif après avoir réussi à atteindre les quarts de finale. L’autre discipline ayant qualifié huit athlètes est les luttes associées. Pour la lutte gréco-romaine, trois lutteurs ont été éliminés dès le premier combat, à savoir Adem Boudjemline, Abdelkrim Fergat, Abdelmalek Merabet. Seul Bachir Sid Azara a pu atteindre les quarts de finale avant de perdre son duel face à l’Ukrainien Zhan Beleniuk, futur champion olympique au poids inférieur à 87 kg. En lutte libre, trois lutteurs ont quitté la compétition en huitième de finale. Il s’agit d’Abdelhak Kherbache, Fateh Benferdjallah et Djahid Berrahal. Les quatre escrimeurs ont été éliminés au premier tour. Il s’agit d’Akram Bounabi et Kaouthar Mohamed-Belkebir dans la catégorie «sabre» ainsi que Salim Haroui et Meriem Mebarki dans la catégorie «fleuret». Dans le cyclisme, Azzedine Laagab et Hamza Mansouri n’ont pas terminé la course sur route lors du premier jour de la compétition, tandis que Laagab a terminé la course contre la montre à la 36e place sur 39. Par ailleurs, l’unique représentant d’haltérophilie, Walid Bidani, a été disqualifié après avoir été testé positif au Covid-19. En tennis de table, Larbi Bouriah a été éliminé au premier tour par le Hongrois Majoros alors que Houda Chaabi, unique représentante du tir sportif (carabine à air comprimé 10 mètres) a été classée 39e sur 50 avec un total de 619.5 points. En natation, Oussama Sahnoun et Amel Melih ont été éliminés dès les séries de concours dans les dures spécialités de 50 et 100 mètres nage libre. Souad Cherouati a terminé de son côté la course de 10 km nage libre à la 25e et dernière place. Toujours dans les sports aquatiques, nos athlètes n’ont pas assuré face au très haut niveau des athlètes en provenance des pays développés avec des classements aux dernières places, que ce soit en aviron pour Kamel Ait Daoud et Sid Ali Boudina en deux de couple poids léger, au kayak pour Amira Kheris ou encore à la voile pour les véliplanchistes Amina Berrichi et Hamza Bouras dans la spécialité RSX. En somme, après le retrait de Fethi Nourrine pour des raisons extra-sportives, Sonia Asselah a été l’unique ambassadrice du judo algérien.

 Elle a été éliminée en 16e de finale. Une déconvenue pour un sport pourvoyeur de médailles pour l’Algérie, notamment dans l’édition de Pékin 2008. Il y a lieu de noter que la seule karatéka, Lamia Matoub, entre en lice aujourd’hui dans la catégorie kumité + 61 kg. Elle affronte dans le groupe B la Suissesse Quirici, l’Iranienne Abbasali, la Chinoise Gong et l’Egyptienne Abdelaziz.

Kader Bentounes

Jeux Méditerranéens

Oran, c’est demain

L’heure est aux bilans et à la mobilisation au sein du mouvement sportif national. L’échec de Tokyo 2021 consommé, il faut à présent vite se ressaisir pour préparer les Jeux Méditerranéens d’Oran, prévus du 25 juin au 5 juillet 2022. Un événement important que l’Algérie accueille pour la seconde fois, après l’édition de 1976 à Alger. Si au niveau des moyens, les hautes autorités du pays ont mis le paquet pour la réalisation d’infrastructures modernes ou encore le réaménagement urbain de la capitale de l’Ouest, les différentes fédérations sportives concernées se sont d’ores et déjà penché sur la préparation de leurs athlètes respectifs, malgré une situation sanitaire difficile et un renouvellement des instances pour le moins bruyant. Hormis les sportifs engagés aux Jeux Olympique de Tokyo et ceux qui étaient en course pour une qualification à ce rendez-vous planétaire, chaque fédérations a établi un programme de préparation conséquent pour son élite, grâce aux bourses attribuées par le ministère de la Jeunesse et des Sports. L’Algérie ne veut en aucun cas rater le plus grand rassemblement sportif du Bassin méditerranéen. Tant sur le plan organisationnel que sportif. A l’occasion de cette 19e édition, l’Algérie voudrait battre son record de médailles, et faire en sorte que cette événement sert d’expérience pour les jeunes talents. La meilleure participation algérienne au JM a été réalisée à l’occasion de l’édition de Tunis 2001, avec un total de 32 médailles (10 ors, 10 argents et 12 bronzes). Pour rappel, 24 disciplines olympiques ont été retenues pour le programme de compétition de l’édition d’Oran. Environ 4.500 athlètes, représentant 25 nations, sont attendus à El Bahia. Vendredi, le directeur de l’organisation du jeu, l’ex-champion de natation Salim Iles a annoncé l’approbation du CIJM des 43 guides, relatifs aux transports, à l’hébergement, aux médias, etc. Ainsi, le comité d’organisation national pourra lancer les invitations à destination des différents pays du Bassin méditerranéen. Iles à par la même fait part de la satisfaction du CIJM, dont le président est l’Algérien Amar Addadi, de l’état d’avancement des différents chantiers et de la préparation pour ces jeux. 

S. N.

aller au fond du problème

avec une meilleure préparation, que la Covid-19 a fortement perturbé, notamment avec le décalage des Jeux méditerranéens d’Oran, nos athlètes auraient pu décrocher une ou deux décorations.

«Les jeux Olympiques ne sont point de simples championnats mondiaux, mais bien la fête quadriennale de la jeunesse universelle, du «printemps humain», la fête des efforts passionnés, des ambitions multiples et de toutes les formes d’activité juvénile de chaque génération apparaissant au seuil de la vie». C’est ainsi que Pierre de Coubertin, père des jeux Olympiques, qualifiait le plus grand rassemblement sportif de la planète.

Un hymne à la jeunesse et une fête de l’effort. Qu’en reste-t-il ? Dans un monde où les individus et les nations sont mis en concurrence effrénée. Les Jeux ont, depuis, perdu leur âme. Ils prennent l’allure d’un grand défi politique et commercial où la poésie du «printemps humain» n’a presque plus droit de cité. Les nations tentent, à travers l’exploit de leurs sportifs, d’imposer leur leadership, leur message, leur modèle et les sponsors…, leur produit. 

Le poing brandi de Jesse Owens à la face du régime nazi, le retrait des Africains pour dénoncer l’Apartheid ou les boycotts en alternance de l’Est ou de l’Ouest au temps de la guerre froide, au siècle dernier, ont démontré toute la portée historique d’un acte au temps des Olympiades. Le XXIe siècle accentuera davantage cette rupture avec l’esprit des Jeux. L’intrusion de la mondialisation financière et consumériste, qui écrase les plus faibles, éloignera un peu plus ce rassemblement mondial de la jeunesse sportive des principes qui ont présidés à sa genèse. Emporté par cette tourmente, le citoyen lambda se soumet malgré lui au sens de l’histoire détournée. Nul n’y échappe.  Et dans cette course à la gloire, l’essentiel n’est plus de participer mais de vaincre à tout prix. Beaucoup oublient que nos athlètes présents à Tokyo ont réussi les minimas qualificatifs qui leur permettent d’être parmi le gotha mondial. Beaucoup semblent ignorer que le sport de haut niveau aujourd’hui ne se contente plus du talent ni de l’effort. L’argent, encore lui, reste le nerf de la guerre. Mais pas que. La science, la médecine en particulier, dope les performances. Les stratégies du développement de l’activité sportive viennent compléter le tableau.

C’est donc sur ce triptyque fric, sciences et formation que se construit le succès. Et à ce niveau, nous sommes loin du compte. Certes, le talent et même la vocation existent. l’Etat débourse des sommes colossales  pour accompagner nos sportifs.  Mais qu’en est-il de la détection des jeunes et de la formation ? Quelle politique sportive, de masse ou de haut niveau avons-nous mis en place ? Force est de constater que depuis la mise à mort de la réforme sportive de 1977, on navigue à vue. Le sport scolaire est réduit à sa plus simple expression.

Les associations sportives ou autres clubs optent pour le tout football. Combien d’associations ont du délester nombre de disciplines pour que vive le sport roi ? Une enquête démontrerait l’étendue des dégâts. Certes avec une meilleure préparation, que la Covid-19 a fortement perturbé, notamment avec le décalage des Jeux méditerranéens d’Oran, nos athlètes auraient pu décrocher une ou deux décorations. Mais cela n’aurait fait que reporter l’échéance. Les contre-performances de notre délégation en terre nippone sont, peut-être, un mal pour un bien. Car elles mettent à nu tout l’écart qui nous sépare du très haut niveau. Elles sont une formidable opportunité pour repenser le sport national, lui donner un itinéraire, une feuille de route de la base au sommet, un changement dans le fond et dans la forme. Ce n’est qu’à ce prix que l’on pourra prétendre aux podiums.

Le sport d’élite est comme une épreuve de demi-fond (une discipline qui nous a valu tant de joies), c’est les mieux préparés, les mieux formés, les plus endurants, ceux qui ont une stratégie qui s’imposent.

Même si l’esprit de Pierre de Coubertin n’est plus qu’une philosophie sans prise sur la réalité. Une réalité à laquelle il nous faudra forcément s’adapter.

Liesse Djeraoud

Dans la lucarne

Un résultat prévisible

 Les Jeux Olympiques de Tokyo s’apprêtent à baisser le rideau sur une participation algérienne pour le moins décevante. La délégation algérienne regagnera le pays avec zéro médaille dans les valises. Un résultat tout à fait prévisible, malgré l’optimisme affiché par certains athlètes au départ de la délégation pour la capitale nippone. L’enchaînement d’événements regrettables au lendemain de l’édition de Rio, la pandémie de Covid 19 et le report d’une année de cette édition ont eu un impact néfaste sur le sport national de manière générale et sur la préparation des athlètes algériens pour ce rendez-vous  planétaire. En effet, la guerre ouverte, souvent d’intérêts personnels, déclenchée entre le ministère de la Jeunesse et des Sports et le Comité Olympique Algérien au retour de la délégation du Brésil en 2016 a eu de graves conséquences sur le sport au pays. Celle-ci a conduit à l’éclatement et à la désolidarisation du mouvement sportif national d’une part. Par ailleurs, elle a tenu en otages les différentes fédérations ainsi que les athlètes d’élite. Il a fallu attendre le début de l’année, moins de six mois avant le grand rendez-vous mondial, pour voir le MJS débloquer enfin les bourses de préparation des athlètes. Un retard qui a complètement perturbé les programmes des sportifs. Au moment où les athlètes du monde entier abordaient la phase précompétitive pour les derniers réglages, les sportifs algériens étaient encore en quête de visas, de billets d’avion, de camps d’entraînement et d’éventuels sparring-partners. D’autre part, la situation sanitaire, bien qu’elle ait mis tout le monde sur un pied d’étgalité, le confinement et ses mesures contraignantes ont carrément freiné l’élan des athlètes et perturbé leur préparation. Le report d’une année de l’édition de Tokyo a aussi contribué à hypothéquer les chances de médailles algériennes dans ces jeux. Certains athlètes, à l’image de Lahoulou ou Mekhloufi, montaient en puissance et étaient pratiquement prêts pour le premier rendez-vous. Refaire la préparation dans des conditions difficiles ne leur a pas été favorable. Le retour de la délégation, conduite par Hassiba Boulmerka et le SG du COA Kheir-Eddine Barbari, s’annonce déjà tumultueuse. Certains acteurs du mouvement sportif national ne vont pas rater l’opportunité de régler leurs comptes sur les plateaux télé et dans les différents autres médias, au détriment de l’intérêt du sport national. Pourtant, l’heure est à la mobilisation générale. Surtout qu’on est aux portes des Jeux méditerranéens d’Oran. Un rendez-vous et un défi qu’il ne faut en aucun cas rater.

M.S.N  

Raouf Salim Bernaoui (Président de la fédération d’escrime) :

 «Ni un problème de moyens, ni une crise de talents…»

Raouf Salim Bernaoui ne veut pas tirer de conclusions hâtives sur la participation de l’Algérie au JO de Tokyo 2020, même si l’échec est bien là. Pour l’ancien ministre de la Jeunesse et des Sports et actuel président de la Fédération d’escrime, il faut attendre la fin des JO pour établir un bilan. Car l’homme place encore ses espoirs en Lamia Matoub pour décrocher une médaille et sauver l’honneur. Néanmoins, il pointe du doigt la mauvaise préparation des athlètes durant la période post-confinement pour expliquer les résultats décevants enregistrés jusqu’ici. Echange.

El Moudjahid : Quel bilan faites-vous de la participation de l’Algérie aux JO de Tokyo 2020 ?

Raouf Bernaoui : Je pense qu’il est encore trop tôt pour essayer d’établir un quelconque bilan. Les résultats sont ce qu’ils sont. Mais on doit attendre la fin des jeux pour tirer les conclusions. D’autant que nous avons encore une athlète potentiellement médaillable  (sic) encore en lice. Les gens ont tendance à l’oublier, mais Lamia Matoub est l’une de nos meilleurs athlètes et est sur une courbe ascendante depuis 2016. Donc attendons encore avant de tirer des conclusions.

Mais êtes-vous surpris par les résultats enregistrés par les athlètes algériens jusqu’ici ?

Pour dire vrai, non. Jusqu’ici, Taoufik Makhloufi était l’arbre qui cachait la forêt. Son forfait a en quelque sorte révélé au grand jour la mauvaise préparation de nos sportifs d’élite pour ces JO.

Donc pour vous, l’Algérie a mal préparé les Jeux olympiques ?

On a plutôt mal géré la période du confinement. Ça s’est répercuté sur la préparation générale de nos athlètes. Nous sommes restés quand même neuf mois à l’arrêt. Puis, on a commencé à délivrer des autorisations de reprise aux athlètes qualifiés et à ceux qui sont potentiellement qualifiables. La dérogation se limitait aux entraînements. En l’absence de sparing parterns, la préparation était incomplète. Ajoutez-y que lorsque le sport avait repris chez nous, dans le monde, on avait déjà repris la compétition. On a eu près d’un an et demi de retard dans la préparation.  A contrario, des pays comme l’Italie, pourtant très affectés par le virus, et l’Allemagne, ont bien géré. C’est normal qu’à l’arrivée on constate autant de disparités dans les performances.

Si l’on comprend bien, l’échec de l’Algérie aux JO de Tokyo est à mettre sur le dos de la pandémie de Covid-19 ?

Oui, mais pas que. Après, il y a les blocages administratifs. Et quand je dis ça, je ne fais pas allusion au ministre de la Jeunesse et des Sports dont le rôle est de mettre en place la politique générale du secteur, mais plutôt à ceux qui sont là pour assurer la mise en place et le suivi de cette politique sur le terrain. Je le dis et redis, la bureaucratie continue d’étouffer le sport de haut niveau en Algérie.

Taoufik Makhloufi avait dénoncé en 2016 la mauvaise prise en charge de la délégation algérienne à Rio. Le même constat a été fait par les athlètes algériens et leurs entraîneurs au retour de Tokyo…

On ne fait pas du neuf avec du vieux. Les mêmes responsables qui étaient à Rio sont encore là. J’ai participé en tant qu’athlète aux JO d’Atlanta en 96, ils étaient aussi là. La boxe a été un temps le sport national le plus représentatif aux JO. Cela fait quatre mandats olympiques qu’on ne gagne rien.

Ce n’est donc ni un problème de moyens, ni une crise de talent…

Absolument pas. Nous avons quelques-uns des meilleurs athlètes du continent. Il n’y a qu’à voir le temps et les scores réalisés par certains d’entre-eux durant ces JO pour s’en rendre compte. Dans le sport de haut niveau, ça se joue sur des détails. Après, l’Etat a toujours mis les moyens nécessaires. Le problème se situe ailleurs. Il faut aller le chercher dans la gestion des hommes et la politique des associations. Quand je vois des entraîneurs comme Bouras, Abderrahmane Morseli et Bejaoui mis sur la touche alors qu’ils ont contribué tous les trois à la consécration de nos athlètes, ça m’attriste.

Figurez-vous que mes athlètes qualifiés pour les JO n’ont pas touché leurs bourses olympiques. Ils ont vu leur temps de préparation limité à dix heures par semaine. Or, un athlète doit s’entraîner trois fois plus. Et cela leur a été notifié par écrit. En tout et pour tout, la fédération a tourné avec un budget de 5 millions de dinars. En parallèle, d’autres fédérations ont signé des contrats d’objectifs. Cinq pour être précis. La boxe, l’athlétisme, la lutte, l’haltérophilie et le judo. Elles se sont toutes pronostiquées. J’aimerai bien qu’elles rendent des comptes aujourd’hui. Je le dis et redis : ce n’est pas Bernaoui qui a été saboté, mais l’Algérie et ses enfants.

Comment y remédier, selon vous ?

Je veux d’abord qu’on continue à prendre soin de nos athlètes. Ce sont nos enfants. Ceux de l’Algérie. Quoiqu’on puisse penser aujourd’hui, ce sont les meilleurs athlètes du continent. Ils ont juste besoin d’un meilleur suivi. D’un meilleur encadrement. Surtout que les Jeux méditérranéens sont dans dix-huit mois. Il faudra penser aussi à investir dans d’autres disciplines pourvoyeuses de médailles. C’est le cas du taekwondo par exemple. Mais pas que. C’est des disciplines qu’on devrait développer davantage en vue d’un projet de médaille. 

Entretien réalisé par : Amar B. / Elmoudjahid

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