Les précipitations enregistrées ces dernières semaines sur une majeure partie du nord du pays et intervenant après une longue période de stress hydrique a rendu les sols des bassins versants des barrages des plus friables. Il n’en fallait pas plus pour que de nombreux barrages voient leur niveau d’envasement multiplié par trois, réduisant ainsi leur potentiel de retenue d’eau.
Par Bouzid Chalabi
C’est pour dire que les taux de pourcentages avancés par l’Agence nationale des barrages et des transferts (ANBT) à la date du 6 décembre correspondent uniquement aux volumes d’eau réels qu’ils ont pu accueillir. Pour être plus explicite, un barrage comme celui de Fergoug, dans la wilaya de Mascara, selon le bilan de l’ANBT, affiche un taux de remplissage de 80%, «mais ce pourcentage correspond à l’espace de retenue encore utilisable dans cet ouvrage hydraulique, le reste de ses capacités sont du stock mort.
L’envasement qui s’est accumulé depuis la dernière opération d’épuration, qui remonte à 2005, a permis d’extirper 6 millions de mètre cubes de sédiments», rapporte le coordinateur principal à l’ANBT, Ougueoun Omar, approché hier par Reporters. Ce dernier précise aussi que de nombreux autres barrages du pays sont dans le même cas que Fergoug. Indiquant dans ce sens que le taux de remplissage de ces barrages, où le niveau d’envasement est élevé par rapport à leur capacité initiale, pour déterminer le taux exact de remplissage, «nous procédons à ce qu’on appelle dans notre jargon professionnel à des levées altimétriques». En somme, d’après ce responsable, le dernier taux de remplissage de chaque barrage annoncé par l’ANBT, ce 6 décembre, «est le volume d’eau réel présent et non pas par rapport à sa capacité initiale de retenue».
On apprend également de notre interlocuteur que la sécheresse de ces trois dernières années a rendu les bassins versants très friables et non à même d’assumer donc leur rôle. «Du coup, les épisodes pluviométriques, certes, de courte durée mais surtout très forts, occasionnent des drainages importants de sédiments qui vont s’emmagasiner dans les barrages.
Un phénomène qui n’est pas propre à l’Algérie», a-t-il indiqué. Interrogé si, devant ce phénomène naturel, l’ANBT compte réagir en multipliant les opérations de désenvasement et en donnant la priorité aux barrages qui en ont le plus besoin, compte tenu qu’ils assurent l’AEP des populations de la région et sont d’un grand apport pour l’irrigation des terres agricoles, le coordinateur cite le cas du barrage de Fergoug. «Pour lequel nous allons lancer un avis d’offre national pour une quatrième opération de désenvasement», a-t-il fait savoir. Toutefois, il a tenu à préciser que «toute opération de ce genre coûte excessivement cher au pays.
Le mètre cube extirpé revient à 1 600 DA pour un objectif d’au moins 3 millions de m3. Un montant qu’il serait plus judicieux d’injecter dans le financement d’un nouveau barrage». Ougueoun Omar a en outre souligné que le bouleversement climatique actuel et à venir «va rendre de plus en plus difficile la gestion des barrages». «Dans ce contexte, la problématique de leur envasement va se poser avec beaucoup plus d’acuité», a-t-il conclu. <
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