Par Nabil Chaoui / jeune-independant
En dépit du froid et une mer souvent agitée, la harga se poursuit. 21 harraga, dont 4 mineurs âgés entre 15 et 17 ans, ont été interceptés ce lundi 15 novembre 2021 vers 1h30, à 6 miles au nord de Ras El-Hamra, par les unités des garde-côtes de la station maritime principale d’Annaba.
Ces candidats à l’émigration clandestine étaient à bord d’une embarcation artisanale de 9 m de long, équipée d’un moteur Suzuki. Ils avaient embarqué vers 22 heures à partir de la plage de Sidi Salem, une petite localité située à une dizaine de kilomètres du chef-lieu de wilaya.
Selon des sources sécuritaires, les harraga ont été sauvés d’une mort certaine. Les conditions météorologiques annoncées étant très défavorables, ils auraient pu tout simplement disparaître en haute mer. “Ce sont les parents des mineurs harraga qui ont alerté nos services, poursuit notre source. Nous avons immédiatement ordonné à nos unités d’appareiller. Heureusement pour eux, nous avons pu les retrouver et les ramener sur la terre ferme”, ont indiqué ces sources au Jeune Indépendant.
Les clandestins, dont l’âge varie entre 15 et 32 ans, sont originaires d’Annaba (16), de Skikda (3) et de Béjaïa (1). Ils ont subi une visite médicale et ont été présentés devant le procureur de la République près le tribunal d’Annaba. Selon nos informations, chaque candidat à l’émigration clandestine a payé aux passeurs entre 200 000 et 250 000 DA.
Il convient de signaler que les tentatives de la harga obéissent souvent à la volonté des passeurs, choisissant, selon leur propre gré, le jour, le lieu et l’heure de départ.
Un collégien de 15 ans parmi les harraga
Il arrive que les surprises soient grandes et déchirantes. Le corps enseignant vient de vivre un fait insolite. Cela s’est passé dans un CEM situé en cœur du centre-ville. Tout a commencé lorsqu’un professeur a constaté qu’un élève manquait à l’appel. La réponse a été glaçante. «Il est en Sardaigne depuis quelques jours», lui lancèrent ses camarades. Choqué, le professeur de mathématique s’est résigné à prendre de ses nouvelles.
A peine âgé de 15 ans, cet enfant, en quête d’une vie meilleure, a pris, contre vents et marées, la mer en compagnie d’autres harraga, à bord d’une embarcation de fortune, à destination de la Sardaigne, en Italie, apprend-on auprès de cet enseignant.
A force de voir et d’entendre des jeunes, avec ou sans diplôme, traverser la mer pour aller vivre sous d’autres cieux en quête de l’eldorado, d’autres catégories de mineurs emboîtent aujourd’hui le pas à leurs aînés pour tenter, eux aussi, de traverser la Méditerranée et gagner ainsi les côtes italiennes à la recherche d’un prétendu monde meilleur. Aussi, les pères et mères de famille ont peur et craignent une éventuelle fugue de leurs enfants.
C’est la raison pour laquelle ils tirent, par le biais des associations, la sonnette d’alarme pour interpeller les pouvoirs publics en vue de trouver des solutions urgentes pour endiguer ce phénomène de harga, qui ne cesse de prendre des proportions alarmantes, ternissant, d’une part, l’image de l’Algérie, et mettant en péril, d’autre part, la vie des harraga poussés par le mal-vivre. Car le cas de ce collégien, qui donne à réfléchir, est un exemple édifiant.
Il convient de souligner que beaucoup de candidats à l’émigration clandestine qui ont réussi à traverser la mer et rejoindre la Sardaigne vivent des conditions de vie déplorables aujourd’hui.
De plus, selon des médias européens, le dossier de l’émigration clandestine sera bientôt débattu au sein de l’Union européenne afin de déterminer de nouveaux mécanismes de refoulement des harraga vers leur pays d’origine.
Par Nabil Chaoui / jeune-independant