86 entreprises étrangères ont retiré le cahier des charges. Une indication que l’appel d’offres lancé pour le projet Solar 1000 mégawatts (MW) suscite l‘intérêt des investisseurs étrangers. Le verdict de l’opération est attendu en juin prochain.
PAR INES DALI
L’Algérie compte actuellement «86 entreprises internationales spécialisées dans les énergies renouvelables à avoir retiré le cahier des charges pour la réalisation du projet Solar 1000 MW», a fait savoir, hier, le secrétaire général du ministère de la Transition énergétique et des Energies renouvelables, Mehmah Bouziane. Indiquant que ces entreprises sont issues de 15 pays de quatre continents, il n’a pas exclu que leur nombre puisse augmenter étant donné que l’ouverture des plis de cet ambitieux projet a été prolongée jusqu’au 15 juin prochain, après avoir été programmée une première fois pour le 30 avril.
«L’Algérie mise sur les énergies renouvelables et particulièrement le solaire comme alternative aux énergies fossiles, en construisant également un modèle de consommation énergétique basé sur la diversification et l’utilisation de toutes les capacités nationales à partir de diverses sources d’énergie», a déclaré M. Bouziane, qui s’exprimait sur la Chaîne 1 de la Radio nationale. Il a ajouté que «ce changement sur lequel l’Algérie parie, en application du programme du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, se fera de manière progressive, surtout avec la volonté politique d’aller vite et de développer les énergies renouvelables dans le pays». Dans une première phase, ce projet permettra, selon le même responsable, de produire 1000 mégawatts/heure d’énergie électrique par an sur un plan prévoyant 15.000 MW à l’horizon 2035, en précisant que sa réalisation nécessite l’injection de capitaux étrangers et nationaux.
Lors du dernier conseil du gouvernement, le gouvernement a entendu une communication présentée par le ministre de la Transition énergétique et des Energies renouvelables sur le projet de réalisation de centrales photovoltaïques Solar 1000 MW au titre duquel, l’appel à investisseurs pour la réalisation desdites centrales a été lancé le 23 décembre 2021. Dans ce cadre, il a été souligné que la société de développement des énergies renouvelables, SHAEMS, qui fait office de guichet unique et d’interface avec les investisseurs potentiels, assurera l’exploitation des centrales et la commercialisation de l’énergie produite. Il a été précisé, par ailleurs, que le cahier des charges concernant ce projet, qui permettra la production de 2.200 GWh/an d’électricité renouvelable, a retenu, au titre de la première phase du plan de développement national des énergies renouvelables, 5 sites d’implémentation des centrales photovoltaïques, à travers 5 wilayas du Sud. Le cahier des charges a intégré également des mesures visant à encourager et à promouvoir le développement de l’industrie locale, et ce, en exigeant des investisseurs un taux d’intégration national d’au moins 30%, est-il encore précisé.
Le projet Solar 1000 MW intervient, comme les précédents, dans un contexte de relance du programme de génération d’électricité à partir du photovoltaïque. Un programme qui a connu un certain retard du fait que l’appel à investisseurs pour la réalisation de centrales photovoltaïques du projet Solar 1000 MW a été lancé le 23 décembre 2021 et que le cahier des charges n’était disponible qu’à partir du 17 février 2022 après la montée au créneau du directeur général du Cluster Energie Solaire (CES) Boukhalfa Yaïci. Ce dernier avait alors appelé le ministère de la Transition énergétique et des Energies renouvelables à la libération du cahier des charges afin de permettre, a-t-il expliqué, aux opérateurs intéressés de passer aux étapes suivantes, à commencer par la soumission au projet.
Maintenant, une prolongation a été prévue pour les entreprises intéressées par l’appel d’offres du moment qu’elles ont encore jusqu’au 15 juin pour déposer leurs soumissions. «Fixé initialement au 30 avril, le délai de dépôt des offres a été prolongé de 45 jours», a indiqué le directeur général de SHAEMS, Smaïl Mougari, dans un entretien à la revue spécialisée At Taqa, dans lequel il a précisé que le total des entreprises qui ont déjà retiré le cahier des charges relatif au projet était de 110.
Quoiqu’il en soit, l’Algérie tient à la réalisation de ce projet et les pouvoirs publics accordent «un intérêt soutenu à la réussite du projet Solar 1000 MW pour la production l’électricité à partir de l’énergie solaire», a assuré le ministre de l’Energie et des Mines, Mohamed Arkab, samedi à Laghouat, lors d’une journée d’information sur la promotion du contenu local. Il a fait état de la disponibilité de «tous les moyens nécessaires à l’installation de centrales photovoltaïques en Algérie, généralement de fabrication locale», soulignant l’importance des postes d’emplois pouvant être créés, jusqu’à 5000 dans un premiers temps, grâce à ce projet qui permettra d’augmenter la part des énergies propres dans le mix énergétique national. A cette occasion, il a appelé les entreprises locales, publiques et privées, à participer activement à ce projet, le cahier des charges imposant aux investisseurs d’adopter un taux d’intégration national, ce qui «permettra d’encourager, de promouvoir et de renforcer le tissu industriel de la wilaya, de créer des opportunités d’emplois supplémentaires et d’élargir le portefeuille des projets des industriels locaux activant dans les énergies renouvelables».
L’Algérie mise grand sur le projet Solar 1000 MW après avoir été contrainte d’abandonner le projet Desertec dont le coût s’était révélé très élevé, d’un montant de plus de 450 milliards de dollars. n
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