Projet Solar 1000 MW : Le financement extérieur au panneau d’affichage

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L’option est à l’étude, selon le patron de la société Shaems. Elle permettra d’avoir plus de 40 investisseurs en course pour ce projet d’énergie renouvelable et propre.

La date d’ouverture des plis des offres du projet de production de 1000 mégawatts en énergie solaire photovoltaïque, dénommé Solar 1000 MW, n’est pas encore tranchée après la prorogation du délai du dépôt des offres prévu initialement pour le 30 avril 2022. La raison donnée par Smaïl Mougari, directeur général de la Société algérienne des énergies renouvelables (Shaems) chargée de la gestion de la réalisation du projet, est que les investisseurs souhaitant soumissionner au projet Solar 1000 MW désirent avoir l’accord d’un recours au financement extérieur.


Une proposition qui est en phase d’étude et c’est ce qui explique le report du délai du dépôt des offres. Selon le responsable de Shaems, ce report est justifié par «une demande formulée par la totalité des investisseurs locaux et internationaux» et permettra d’avoir «plus de 40 investisseurs en course». Ainsi, cela permettra donc de créer une concurrence qui «va tirer le tarif vers le bas», a indiqué M. Mougari cité par l’APS. Ces investisseurs, de renommée mondiale, ont demandé notamment si ce projet était «stratégique/structurant», comme l’exige la note du gouverneur de la Banque d’Algérie émise en mars dernier, «pour ouvrir droit au financement extérieur», a-t-il fait savoir. Il a souligné, à ce titre, que Shaems avait transmis, via le ministère de la Transition énergétique et des Energies renouvelables, «le souhait de ces investisseurs de se voir accorder l’autorisation de recourir à un financement extérieur». Suite à cela, un dossier a été présenté en réunion du gouvernement le 11 mai dernier, avant d’être soumis au Conseil des ministres du 19 juin, a-t-il détaillé, ajoutant que «la nouvelle date pour l’ouverture des plis sera arrêtée une fois la réponse à cette requête tranchée».


Lors d’une rencontre sur les énergies renouvelables organisée à la fin juin, il avait indiqué que l’ouverture des plis des offres devrait se tenir au plus tard dans la deuxième quinzaine du mois de juillet. En tout état de cause, il apparaît donc que la demande de la possibilité d’un recours au financement extérieur formulée par les investisseurs intéressés par le projet Solar 1000 MW est en cours d’examen et c’est la décision qui en résulte qui déterminera l’ouverture des plis.


M. Mougari a relevé que «le financement extérieur présente plus d’avantages que le financement local», notamment pour des projets «capitalistiques qui demandent beaucoup d’argent», à l’instar du projet Solar 1000 MW. Ce dernier, qui nécessite un financement de 1 milliard de dollars, ne représente que la première phase du programme de 15.000 MW, exigeant un financement global de 15 milliards de dollars «difficile à supporter localement», a affirmé le directeur général de Shaems.

Les avantages du financement extérieur

Le financement extérieur présente plusieurs avantages parmi lesquels «des crédits s’étalant jusqu’à 20 ans à des taux d’intérêt de 1 à 3%», alors que «toutes les banques commerciales algériennes et même le Fonds national d’investissement (FNI), proposent des crédits de 7 ans maximum à des taux d’intérêt de 5 à 6%, ce qui n’est pas compétitif», a-t-il souligné pour étayer son propos. Dans une précédente déclaration, il avait précisé que les investisseurs, locaux et/ou étrangers, devraient financer les projets sur fonds propres à hauteur de 20%, tandis que les 80% restants pourraient être mobilisés à travers des prêts bancaires.


Le financement extérieur, a poursuivi le même responsable, permettra «un coût du kilowattheure compétitif» par rapport à celui produit à partir des énergies fossiles, et qui se situe entre 6 et 8 dinars, en appliquant un prix du gaz à l’export. Il a donné l’exemple de la Tunisie ayant réussi à obtenir un prix du kilowattheure équivalent à 3,54 dinars tunisiens pour un projet de 500 MW lancé en 2019. Selon M. Mougari, les investisseurs, locaux et/ou étrangers, devraient financer les projets sur fonds propres à hauteur de 20%, tandis que les 80% restants pourraient être mobilisés à travers des prêts bancaires.


Après l’ouverture des plis, «il faudra une période minimum de six mois avant l’entame des travaux», correspondant à la durée prévue dans le cahier des charges pour s’acquitter de l’étape de clôture financière qui précède la signature des conventions de financement par les banques, a relevé M. Mougari, faisant remarquer que la période de clôture financière a pris plus de deux ans dans d’autres pays tels que la Tunisie et l’Arabie saoudite.


C’est ainsi qu’il est attendu que les premiers kilowattheures photovoltaïques du projet Solar 1000 MW soient produits «vers la fin de l’année 2023 ou au plus tard au début 2024», a-t-il estimé, ajoutant que «c’est la centrale de Beni Ounif (wilaya de Béchar), d’une capacité de 30 MW, qui pourrait réussir à produire les premiers kilowattheures solaires» dudit projet. L’électricité produite sera «exclusivement et entièrement» vendue à Sonelgaz, pour une période de 25 ans, ce qui fait partie des garanties demandées par les investisseurs, à savoir la signature des contrats de vente directe d’électricité (Power Purshase Agreements, PPA), a-t-il expliqué.


Considérant la première phase du programme des 15.000 MW comme «référence pour les prochaines», M. Mougari a affirmé vouloir maintenir cette cadence de 1.000 MW par an pour atteindre l’objectif des 15.000 MW d’ici 2035, précisant que le retard accusé dans la réalisation du projet Solar 1000 MW «ne devra pas causer de glissement dans la réalisation du reste du programme». C’est dans cette optique que Shaems et le ministère de tutelle sont en train de préparer la deuxième phase du programme «incluant l’entame des études de raccordement et d’orientation et l’identification de quelques sites». Le lancement du deuxième appel d’offres de projet Solar 1000 MW interviendra «avant la fin de 2022», avec la possibilité, après accord du ministère, de lancer «d’autres phases beaucoup plus consistantes de 2 GW et jusqu’à 4 GW à la fois», a révélé.

Reporters / Par INES DALI

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