Par M.B / jeune-independant
L’ancien ministre et ambassadeur, Abdelazizs Rahabi, a estimé que trois “réalités” expliquent l’exode de 1200 médecins algériens vers la France dans les prochains jours après avoir réussi les épreuves de vérification des connaissances (EVC).
« L’exode de 1200 médecins 60 ans après l’indépendance de l’Algérie rappelle au moins trois réalités », a-t-il écrit jeudi sur son compte Twitter.
La première, explique l’ancien ambassadeur, « est le peu de considération que la société dans son ensemble pouvoir et peuple accorde à ses élites qui sont pourtant le produit de l’effort et de l’excellence ».
La seconde, a poursuivi M. Rahabi, « réside dans les conditions générales d’exercice de la médecine en Algérie qui font que ni le citoyen, ni le corps médical qui a subi toutes les formes de répression, ni les pouvoirs publics ne sont satisfaits de la situation actuelle dans ce secteur ».
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— Abdelaziz Rahabi (@AbdelazizRahabi) February 10, 2022
« Tout autant que les harraga, les médecins souffrent de l’absence de perspectives et de la dégradation du cadre de vie qui ne favorisent pas l’épanouissement humain auquel aspire toute personne humaine », a-t-il conclu.
Le Docteur Lyès Merabet, président du Syndicat national des praticiens de la santé publique (SNPSP) avait jeté un pavé dans la marre samedi en annonçant l’exode vers la France de 1200 médecins algériens .
« Environ 1200 médecins algériens, de différentes spécialités, s’apprêtent à partir en France pour travailler dans ses hôpitaux après leurs réussite aux épreuves de vérification des connaissances (EVC) », a-t-il posté, le 5 février 2022, sur son compte Facebook.
Contacté par le Jeune Indépendant, le Dr Zahia Slimani, spécialiste en médecine interne à l’hôpital de Rouiba, semblait ne pas être étonnée de voir un tel nombre de médecins algériens quitter l’Algérie, expliquant que «le praticien algérien travaille dans des conditions misérables et perçoit un salaire minable et honteux, qui est équivalent à celui d’un simple agent de sécurité dans une entreprise pétrolière».
La spécialiste a indiqué que l’évolution de carrière des médecins va au rythme de «la tortue», tout en étant privé de prime de panier, de transport, en sus d’autres problèmes d’ordre professionnel. Le Dr Slimani a estimé que le secteur de la santé est le secteur le plus opprimé en Algérie. C’est pour cette raison, a-t-elle expliqué, que de plus en plus de médecins cherchent à s’installer sous d’autres cieux.
En réaction, le ministre de la santé Abderrahmane Benbouzid a affirmé que le phénomène de l’exode des médecins ne concerne pas uniquement l’Algérie. Il a cité comme exemple le cas de l’Inde et de l’Egypte, qui perdent aussi leurs médecins au profit de l’étranger. Pour faire face aux départs massifs des médecins vers l’étranger, M. Benbouzid a estimé qu’il faut une réforme profonde du système de santé, soulignant qu’il existe plusieurs facteurs ayant poussé les médecins algériens à partir vers d’autres cieux.
Le premier responsable du secteur de la santé a cité également le départ à la retraite qui fait défaut, expliquant que, dans les hôpitaux, de nombreux médecins ont dépassé l’âge de la retraite mais sont toujours en poste. Ils ne permettent pas à la nouvelle génération de les remplacer.
«C’est ce qui fait que nous n’avons pas de postes pour les jeunes médecins. Il y a beaucoup de problèmes dans le secteur de la santé. Il y a un dossier au niveau du Premier ministère pour faire appliquer la loi. Celui qui arrive à la retraite doit céder sa place, et si l’on a besoin d’eux, on leur fera appel», a-t-il dit.
Par M.B / jeune-independant