Pas de doute. Il s’agit d’une décision importante, signe d’un apaisement réel dans la crise diplomatique qui dure depuis quelques mois entre l’Algérie et la France.
Ainsi, le retour de l’ambassadeur algérien à Paris, Mohamed Antar Daoud, est désormais officiel. Il regagnera son poste dès ce jeudi, après sa rencontre ce mercredi avec le président de la République Abdelmadjid Tebboune. C’est un communiqué laconique de la Présidence qui l’a annoncé, confirmant ainsi les informations récentes, diffusées par plusieurs sources médiatiques, sur le retour du diplomate dans la capitale française.
Cette décision survient après une visite-surprise à Alger, le mois dernier du ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, dont la mission était de désamorcer la tension entre les deux capitales.
Il faut dire que la brouille a commencé après des déclarations qualifiées « d’inamicales » ou «d’irrespectueuses » du président français Emmanuel Macron à l’égard de l’Algérie. Ses propos ont été révélés par le journal Le Monde le 2 octobre dernier, créant d’abord un malaise puis une véritable crise. C’est ce jour- là que l’ambassadeur d’Algérie à Paris a été rappelé.
Emmanuel Macron avait remis en cause l’existence de l’Algérie même en tant que nation avant la colonisation française en 1830 et qualifié le pouvoir algérien de « système politico-militaire » qui entretient « la rente mémorielle » depuis 1962. De plus, il avait instruit son gouvernement de serrer la vis, en restreignant d’une manière drastique l’octroi de visas d’entrée aux ressortissants algériens désireux de voyager en France pour des raisons de santé, familiales, professionnelles ou pour des études.
En réaction encore à ces déclarations, Alger avait aussi fermé son espace aérien aux avions militaires français participant à l’opération Barkhane au nord-Mali.
Il aura fallu que Le Drian distille quelques déclarations de presse pour tenter d’atténuer la colère d’Alger. Même Macron s’est permis de dire des phrases en forme « d’excuses », invitant le président Abdelmadjid Tebboune à assister à une rencontre internationale organisée à Paris.
Le froid dans les relations a été d’abord dissipé après une visite du ministre algérien des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, à Paris, lors du sommet international consacré à la Libye. Une première rencontre et des entrevues qui vont baliser le terrain pour un retour à la normale.
Le 8 décembre dernier, après la venue de Le Drian à Alger, les observateurs s’attendaient enfin au dégel. Cette visite sera suivie par l’aval des autorités françaises à la nomination d’une dizaine de consuls algériens en France.
Des milieux diplomatiques estiment que le retour de l’ambassadeur d’Algérie à Paris va non seulement désamorcer la crise entre les deux pays, mais surtout devrait redynamiser les relations commerciales et économiques, qui ont été impactées durant ces derniers mois. Des hommes d’affaires français se sont certainement plaints, selon des échos, auprès de leurs autorités, estimant que la tension a fait perdre à leurs entreprises d’importantes parts de marché.
A ce propos, il y a lieu rappeler les dernières commandes d’achat de blé par l’Algérie ou les négociants français ont été exclus, en dépit de la compétitivité de leur produit sur le marché international. Ces négociants ont rapidement accusé leur gouvernement d’avoir été la cause de la perte du marché algérien, considéré comme l’un des plus grands acheteurs et clients de blé dans le monde.
L’Algérie a fait récemment une commande d’achat de 690 000 à 700 000 tonnes de blé meunier à plusieurs pays exportateurs, à l’exception de la France qui était pourtant son principal fournisseur, une décision qui a suscité les craintes d’autres sociétés françaises qui fournissaient traditionnellement à l’Algérie des produits et des services.
Les fournisseurs retenus seraient originaires d’Allemagne, de la mer Baltique, de la mer Noire, à savoir la Russie et l’Ukraine, et éventuellement d’Argentine, selon le cabinet spécialisé Agritel.
Enfin, il est attendu avec ce dégel dans les relations, un assouplissement dans les questions de visas octroyés par les consulats français aux ressortissants algériens, au moment où les refus systématiques et sans raison ont atteint des records historiques, jusqu’à 95% selon des sources officielles.
Par Mohamed K. / jeune-independant