Beaucoup de faits historiques sortiront au grand jour et confondront les tenants des « effets civilisateurs» de la colonisation française en Algérie.
Quelques mois après sa création, la Commission mixte algéro-française d’Histoire et Mémoire a tenu, ce jeudi, sa première réunion en visioconférence. Voulue par les présidents Tebboune et Macron, cette instance du dialogue algéro-français est certainement la pierre angulaire de la réconciliation des mémoires. Un approche scientifique et rationnel du fait colonial en Algérie est effectivement indispensable pour mettre définitivement fin aux élucubrations de lobbies colonialistes qui travestissent l’Histoire et éloigne l’opinion française de la vérité. Il n’est pas dit que le dialogue entre historiens sera sans aucun incident, mais le fait que le dossier prenne la voie de la science, il est certain que beaucoup de faits, déjà documentés, sortent au grand jours et confondent une bonne fois pour toute les tenants des «effets civilisateurs» de la colonisation française en Algérie.
Il ne faut pas se tromper sur la difficulté de la tâche qui devra faire appel aux archives coloniales détenues par la France. Il y a également d’autres aspects qui s’imposeront au fur et à mesure aux membres de la commission mixte, même si la voie peut paraître balisée par la Déclaration d’Alger signée par les deux présidents algérien et français le 27 août 2022. Partant de ce texte fondateur de la nouvelle vision entre les deux pays, L’Algérie a présenté une feuille de route qui tienne compte des principes fondamentaux de la Déclaration d’Alger et du Comité intergouvernemental de Haut niveau, tenu à Alger les 9 et 10 octobre 2022.
Pour revenir à la réunion de ce jeudi, il faut savoir que les historiens des deux pays se sont entendus sur le traitement de toutes les questions relatives à la période coloniale. «Elles ont convenu également de poursuivre la concertation et les contacts pour la mise en place d’un programme d’action futur, et de fixer les prochaines réunions de la Commission mixte», souligne le communiqué de la présidence de la République.
Les prochaines réunions verront les deux parties mettre en oeuvre tous les points énumérés dans la Déclaration d’Alger. Laquelle stipule que «le moment est venu pour favoriser une lecture objective et de vérité d’un pan de leur (l’Algérie et la France) histoire commune, tenant compte de l’ensemble de ses étapes afin d’appréhender l’avenir dans l’apaisement et le respect mutuel».
La partie algérienne est très claire dans sa démarche. Elle ne veut pas faire de la question de l’Histoire et de la Mémoire un terrain propice pour se livrer à des manoeuvres politiciennes obéissant à des logiques étroites et au service des lobbies et des forces occultes.
D’ailleurs la démarche algérienne a été mentionnée clairement dans la Déclaration d’Alger qui stipule que «les deux parties entreprennent d’assurer une prise en charge intelligente et courageuse des problématiques liées à la mémoire dans l’objectif d’appréhender l’avenir commun avec sérénité et de répondre aux aspirations légitimes des jeunesses des deux pays», souligne-t-on.
L’Algérie s’est battue pour faire accepter la démarche et faire en sorte que «ce travail scientifique a vocation à aborder toutes les questions, y compris celles concernant l’ouverture et la restitution des archives, des biens et des restes mortuaires des résistants algériens, ainsi que celles des essais nucléaires et des disparus, dans le respect de toutes les mémoires», mentionne-t-on.
La question de la Mémoire et l’Histoire coloniales qui taraude les relations algéro-françaises doit être résolue d’une manière définitive mais avec sérieux et rigueur. Il est temps que l’Histoire et la Mémoire soient libérées du carcan de l’instrumentalisation politicienne et la récupération de certaines officines dont l’esprit colonialiste reste intact à l’image des ultras qui ne cessent de caresser le rêve de l’«Algérie française» même si cela relève foncièrement d’une ineptie et d’anachronisme historique. La Commission mixte algéro-française Histoire et Mémoire s’attellera selon ce qui est mentionné dans la Déclaration d’Alger à relancer le travail indépendant des historiens des deux parties en mettant en avant un seul critère, à savoir la vérité historique loin de toute manipulation politicienne d’où qu’elle vienne.
Hocine NEFFAH / lexpressiondz