Tizi-Ouzou : Quand une erreur médicale rend la vie infernale

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Saïd Tissegouine / jeune-independant

Il est admis depuis longtemps que dans la pratique médicale, l’erreur n’est pas exclue. Mais qu’en est-il lorsque cette erreur médicale a pour origine la négligence. Quoi qu’il en soit, cette erreur médicale a rendu la vie d’une femme  originaire de Bouira, infernale. Elle s’appelle Fatma Djadoun âgée aujourd’hui de 45 ans. Elle est médecin de son état et travaille à l’établissement public de santé de proximité (EPSP) de Bouira.

En cette journée de la mi-septembre 2018, la jeune femme, déjà mère de deux enfants (garçons) ressent des douleurs corporelles.
Soupçonnant probablement un début de grossesse, elle décida de consulter une spécialiste en gynécologie obstétrique laquelle assurait ses compétences médicales à Bouira.

Après consultation, cette spécialiste en gynécologie obstétrique, n’étant pas sûre de son propre examen, proposa à sa patiente de s’adresser à un de ses confrères travaillant au service de gynécologie du CHU Nedir Mohamed de Tizi-Ouzou et dont la compétence est « incontestable ». Voilà donc la patiente Fatma Djadoun qui arrive au service concerné du CHU de Tizi-Ouzou.

Le gynécologue « à la compétence avérée » n’était pas présent sur son lieu de travail. Une femme de garde au niveau de ce serve recommanda à la patiente de s’adresser à un cabinet médical privé qu’elle a cité puisque c’est au niveau de celle-ci qu’il travaille tous les samedis.

C’est donc tout naturellement que la patiente se dirigea vers ce cabinet privé, situé non loin du siège de la Mouhafadha du FLN sur la route menant vers Redjaouna. Elle trouva bel et bien le médecin en question lequel travaillait avec le propriétaire du cabinet qui est une femme. Plus exactement, celle-ci, également médecin, faisait travailler le médecin à temps partiel le médecin pour qui Fatma Djadoun a été recommandée pour lui faire subir un examen médical. Une fois sur place, la patiente a été consultée par les deux médecins. Ils ont diagnostiqué un fibrome dans son corps.

La descente aux abysses
Et aussitôt, ils lui recommandée de se faire opérer au niveau de la clinique « Aba » laquelle se trouve au centre-ville de Tizi-ouzou, juste à côté du marché couvert. L’opération chirurgicale a coûté à Fatma Djadoun une somme de 64.000, 00 DA. Pour les deux médecins l’ayant auscultée et « identifiée » le fibrome, ils ont reçu une somme de 22.500, 00 DA. Donc, en tout, Fatma Djadoun a déboursé une somme de 86.500, 00 DA.

Sa descente aux abysses de l’enfer n’a fait que commencer. En effet, comme c’est la règle dans le monde de la médecine, le fibrome enlevé a été envoyé vers un laboratoire privé pour subir l’analyse ANAPATH. Il s’agit du laboratoire d’anatomie et de cytologie pathologiques, géré par le Dr S.B, Le Dr S.B, après analyse du fibrome, a cru diagnostiquer un cancer.

Cependant par prudence, il suggéra aux deux médecins qui l’ont sollicité pour l’analyse du fibrome, d’approfondir les analyses. En effet dans son compte-rendu, le laborantin a suggéré de compléter l’analyse par une étude immunohistochimique pour déterminer l’origine primitive et secondaire.

Cette analyse supplémentaire n’a jamais été faite. Les deux médecins traitants, en prenant connaissance des résultats du laboratoire d’analyse, ont aussitôt convoqué la malheureuse patiente pour l’informer qu’elle était atteinte d’un cancer d’où l’extrême urgence à se faire opérer. Une novelle de ce genre peut provoquer une commotion même chez un samouraï. Ainsi un rendez-vous fut pris au niveau du service de gynécologie du CHU de Tizi-Ouzou, unité de Belloua.

L’opération chirurgicale fut exécutée le 14 janvier 2019. Cette opération chirurgicale en question condamna Fatma Djadoun à l’incapacité de ne plus enfanter. En effet, son chirurgien lui extirpa l’utérus, les trompes, les ovaires, le grand Epiploon, l’appendice et 77 ganglions lymphatiques. Ces organes en question ont été remis au laboratoire central d’ANAPATH du CHU de Tizi-Ouzou pour analyse. Celle-ci a révélé qu’il n’y avait aucun résidu tumoral.

Ayant pris connaissance de ces résultats, la patiente se rendit à Alger, plus précisément au Centre Pierre et Marie Curie au CHU Mustapha. Les responsables de cet institution scientifique l’ont orientée vers le laboratoire qui aurait diagnostiqué « le cancer » pour récupérer la biopsie, et ce pour la confier au laboratoire central ANAPATH du CHU de Tizi-Ouzou pour faire une relecture, c’est-à-dire un réexamen.

Les responsables du laboratoire central ANAPATH du CHU de Tizi-Ouzou, par acquis de conscience, ont fait cette relecture avec la collaboration du Centre Pierre et Marie Curie d’Alger. Les analyses et examens ont conclu à une caduque. Dans le jargon médical, ce terme signifie couche superficielle de la muqueuse utérine qui expulsée de l’utérus lors de l’accouchement ou encore élément insignifiant et expulsable.

Une fois informés des résultats, ses deux médecins traitants se sont adressés à leur tour à un institut spécialisé dans l’ANAPATH pour avoir une troisième lecture. Les résultats de celui-ci sont sans appel : le diagnostic du cancer ne peut être posé. Cela signifie que la patiente n’a jamais souffert de cancer. A qui doit revenir la responsabilité de cette gravissime « erreur » médicale ? Le coupable est tout à fait désigné : l’avidité excessive pour l’argent.

Saïd Tissegouine / jeune-independant

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